Rosetta : Tchouri n'a pas raté son rendez-vous avec le Soleil
La comète a atteint ce jeudi à 4 heures du matin son périhélie, c'est-à-dire son point d'orbite le plus proche du soleil. L'occasion pour la sonde Rosetta de récolter de précieuses informations sur Tchouri qui a rejeté des gaz et des poussières

La comète «Tchouri» s'est montrée «bien active», avec des jets de gaz et de poussières, dans la nuit de mercredi à jeudi lors de son rendez-vous avec le Soleil, a déclaré l'Agence spatiale européenne (ESA).
«Tchouri», observée depuis novembre 2014 par la mission Rosetta grâce à l'explorateur spatial Philae, a atteint son périhélie, c'est-à-dire le point sur son orbite qui est le plus proche du Soleil. La comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko se situait alors à 186 millions de km du Soleil et à 265 millions de km de la Terre. A l'approche de l'astre, la comète constituée de glace, de minéraux et de particules organiques laisse échapper de son noyau des jets de gaz et de poussières de plus en plus intenses, a pu observer la sonde.
La mission Rosetta a tenté de montrer via un schéma, la position de la comète non seulement par rapport au Soleil mais également vis-à-vis des planètes qui s'en approchent le plus dont la Terre.
Welcome to perihelion day! Today, 13 Aug, I'm 185,986,924 km from the Sun & 265,138,407 km from Earth #Perihelion2015 pic.twitter.com/8R9xOTC3JC
— ESA Rosetta Mission (@ESA_Rosetta) August 13, 2015
.@ESA_Rosetta Ops Manager Sylvain Lodiot just confirmed: We passed the #perihelion2015 at 04:03 CEST. All #green! pic.twitter.com/of6AfFQIYe
— ESA Operations (@esaoperations) August 13, 2015
Des résultats publiés dans les semaines à venir
La sonde européenne Rosetta se trouvait à 330 km pour ne pas être perturbée par la poussière, alors que le robot Philae, installé sur la comète depuis neuf mois, était suffisamment à l'ombre pour ne pas souffrir de la chaleur. La caméra de navigation NavCam de la sonde a montré une comète «bien active» a indiqué Sylvain Lodiot, responsable des opérations de Rosetta à l'ESOC (Centre européen d'opérations spatiales) en Allemagne. «Il y a des jets de gaz et de poussières un peu de partout (...) La sonde est en parfait état de marche», a-t-il souligné. «Elle continue son périple» avec la comète qui s'éloigne dorénavant du Soleil.
De nouveaux phénomènes devraient être déclenchés par l'excès d'énergie dû à cette proximité avec le Soleil. «Comme il y a un effet retard, le maximum d'activité de la comète aura lieu probablement un peu après le passage au périhélie», a déclaré Jean-Yves Le Gall, président du CNES, l'agence spatiale française. «Rosetta est aux aguets. Nous recevons des données extraordinaires. La moisson continue», a-t-il ajouté.
Au fur et à mesure de leur exploitation, les résultats seront publiés dans les jours, les semaines et les mois qui viennent.
Pour avoir une idée des jets de gaz et de poussières, il faut se souvenir d'un puissant dégazage intervenu le 29 juillet dernier. Ce type d'événement plutôt rare et bref a eu des effets spectaculaires sur la chevelure et avaient pu être pris en photo par la caméra Osiris de Rosetta.
«Il y aura encore dans dix ans des publications sur les résultats scientifiques de Rosetta et de Philae», estime Jean-Yves Le Gall. L'aventure de Rosetta, qui voyage depuis plus de onze ans dans l'espace, devrait se terminer en septembre 2016. A cette date, l'ESA a prévu de la faire se «poser» en douceur sur Tchouri où elle retrouvera Philae qui sera alors endormi depuis longtemps.
«C'est absolument extraordinaire d'être allés sur une comète. Nous sommes sidérés par ce que nous trouvons», a-t-il encore souligné. «En général, ce genre de découvertes, ce sont les Etats-Unis qui les font. Là, c'est l'Europe, et notamment la France, qui est en première ligne», se réjouit-il. Selon lui, «pour le spatial européen, les années 2014-2015 seront à jamais frappées du sceau du succès de Philae et de Rosetta.»
VIDEO. Les dernières images de la comète Tchouri