Une unité de piratage de l'agence américaine de sécurité nationale, la NSA, intercepte des livraisons d'ordinateurs, exploite les faiblesses du matériel informatique et pirate même le système interne de rapports d'erreurs de Microsoft pour espionner ses cibles, a révélé un magazine allemand dimanche.

Les révélations du magazine Der Spiegel portent sur une division de la NSA connue sous le nom de Tailored Access Operations (TAO), qui est dépeinte comme une équipe élite de pirates spécialisés dans le vol d'information chez les cibles les plus inaccessibles.

Selon les documents internes de la NSA qu'a consultés le magazine, la mission de la TAO est d'«obtenir l'impossible». Un responsable non identifié de l'unité a affirmé qu'elle avait rassemblé «certaines des informations les plus pertinentes que notre pays ait jamais vues».

La TAO possède des gadgets de haute technologie pour les cas les plus difficiles, dont des câbles de moniteur d'ordinateur spécialement modifiés pour enregistrer ce qui est tapé à l'écran, des clés USB équipés de radiotransmetteurs pour transmettre de l'information volée par les ondes, et des fausses stations de transmission pour intercepter les signaux des téléphones cellulaires en mouvement.

Mais la NSA a plus que du matériel qui semble tout droit tiré de la mallette de James Bond, rapporte le magazine. Certaines des attaques informatiques décrites exploitent les faiblesses de l'architecture d'Internet pour permettre à des logiciels malveillants d'atteindre les ordinateurs visés. D'autres tirent avantage des faiblesses du matériel ou des logiciels distribués par certains des chefs de file en matière de technologie de l'information, tels que Cisco Systems ou l'entreprise chinoise Huawei Technologies.

Le magazine a aussi rapporté des méthodes plus classiques. Par exemple, si la TAO remarque qu'une cible a commandé un nouvel ordinateur ou un autre accessoire électronique, elle peut demander à ses alliés de la CIA ou du FBI d'intercepter la livraison et d'apporter l'appareil dans un atelier secret où on lui installera discrètement un logiciel espion, avant d'être remis en circulation.

L'un des documents cités par le Der Spiegel affirme que cette méthode est l'une des «plus productives» et a permis de récolter de l'information de partout dans le monde.

Une autre des révélations concerne la présumée capacité de la NSA de consulter les rapports d'erreurs de Microsoft, cette fenêtre familière aux utilisateurs du système d'exploitation Windows. Alors que ce système de rapports a été conçu pour aider les ingénieurs de Microsoft à améliorer leurs produits, la NSA parcourt les rapports pour aider les espions à pénétrer dans les systèmes qui utilisent Windows.

Le magazine allemand n'a pas précisé d'où provenaient les documents sur lesquels le reportage s'appuie, mais il a déjà, par le passé, bénéficié des fuites de l'ancien consultant Edward Snowden, qui a révélé au public le vaste programme de surveillance téléphonique du gouvernement américain. De plus, l'un des proches collaborateurs de M. Snowden, la documentariste américaine Laura Poitras, fait partie des six auteurs de l'article.