Des partisans du premier ministre de Guinée-Bissau destitué, Domingos Simoes Pereira, appelaient, lundi 17 août, à une manifestation et à une grève pour exiger sa reconduction, au cinquième jour sans gouvernement. Le même motif est à l’origine d’une grève à l’initiative d’une intersyndicale regroupant une trentaine d’organisations professionnelles des secteurs publics et privés. Elle a appelé ses adhérents à ne pas se rendre au travail à partir de lundi, dans le but de « paralyser l’administration ».
La grève semblait moyennement suivie lundi 17 août à Bissau. Plusieurs services de l’administration fonctionnaient, mais avec moins de personnel que d’habitude, les banques et commerces étaient ouverts et la circulation plus fluide qu’à l’accoutumée.
L’armée en retrait
Des patrouilles de la police d’intervention rapide, un corps d’élite, étaient visibles par endroits dans la ville, mais pas l’armée. La communauté internationale, dont l’ONU et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), presse celle-ci depuis plusieurs jours de rester à l’écart de la crise politique.
La Guinée-Bissau, pays d’environ 1,6 million d’habitants, a connu depuis l’indépendance, en 1974, une série de coups d’Etat, réussis ou avortés, dans lesquelles l’armée a souvent joué un rôle prépondérant.
José Mario Vaz, le chef de l’Etat, et Domingos Simoes Pereira sont tous deux membres du PAIGC, formation historique ayant conduit la lutte pour l’indépendance. Selon la Constitution bissau-guinéenne, le poste de premier ministre revient au chef du parti vainqueur des législatives. Le PAIGC ayant obtenu la majorité l’année dernière aux élections parlementaires – avec 57 députés sur 102 –, ces fonctions devraient être assumées par Domingos Simoes Pereira, soulignent analystes et responsables politiques.
Mais le président José Mario Vaz a argué d’une « crise de confiance au sommet de l’État » nuisant au « bon fonctionnement des institutions » pour justifier le limogeage de son premier ministre. Selon leurs entourages, les deux hommes ne s’entendaient pas depuis plusieurs mois sur la manière de diriger le pays.
Vers des législatives anticipées ?
Selon le constitutionnaliste bissau-guinéen Ivaristo Vieira, si Domingos Simoes Pereira n’est pas reconduit, le chef de l’Etat devra dissoudre l’Assemblée nationale et organiser des législatives dans un délai de 90 jours comme le stipule la Constitution.
Beaucoup de Bissau-Guinéens redoutent de nouveaux soubresauts, comme en avril 2012, lorsque des militaires ont pris le pouvoir entre les deux tours de l’élection présidentielle. Ce coup d’État avait ouvert la voie à une transition ayant pris fin avec l’élection de José Mario Vaz en mai 2014.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu