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Reprenons et résumons. François Hollande attend toujours la baisse du chômage ; le PS endigue plus ou moins la sédition molle des frondeurs ; Manuel Valls demeure populaire grâce à l'appoint des sympathisants de droite ; les réformes avancent en crabe (un coup libéral, un coup social) ; Michel Sapin est d'une inventivité rare pour dire blanc quand la réalité est noire ; François Rebsamen se replie sur Dijon ; Stéphane Le Foll a passé un été pourri avec les éleveurs ; Emmanuel Macron les énerve tous. Et si vous cherchez Patrick Kanner, il est certainement dans le Nord.
La gauche ? Divisée, morcelée, en miettes. Son logiciel ? Indéchiffrable entre les timides tentations social-libérales du pouvoir, les aspirations plus égalisatrices du PS à l'issue du Congrès de Poitiers, et les coups de boutoir révolutionnaires de Mélenchon, lui-même sous la pression du communiste Pierre Laurent. Quant aux écologistes, ils oscillent entre opportunisme et autonomisme. Pendant ce temps souffle sur le pays un vent réactionnaire, largement teinté d'islamophobie qui gagne en puissance et en température à chaque attentat déjoué ou non.
Y'a-t-il encore quelqu'un pour penser qu'en peu de temps (16 mois d'ici à janvier 2016 et la dernière ligne droite électorale), la gauche soit encore capable de se remobiliser, de se repenser et d'offrir à ses partisans une promesse, une réinvention du mot « progrès », un avenir crédible ?
Réunis à La Rochelle, fin août, sous la houlette de leur premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, les militants socialistes puiseront peut-être dans l'ouvrage que ce dernier fait paraître (À gauche, les valeurs décident de tout, chez Plon) quelques idées pour y croire encore.
Le mythe d'un État-Providence
Dans ce livre, Cambadélis reprend chaque terme de la devise républicaine pour la moduler à l'ère post-industrielle. Toutes les valeurs de la gauche ont été percutées : on maintient le mythe d'un État-Providence qui, en réalité, vit à crédit ; l'identité, chahutée par la mondialisation, a supplanté l'égalité si chère à la gauche ; enfin, les mouvements de liberté de Mai 68 sont très loin, le besoin d'ordre et d'autorité se fait sentir dans tous les domaines où l'État faiblit.
« Je fais à la gauche le reproche d'avoir abandonné les valeurs, d'être technocratique et de tout baser sur l'économisme, explique Cambadélis. Et de l'autre côté, je renvoie dos-à-dos les deux poussées identitaires, celle de la droite extrême sous l'influence de Nicolas Sarkozy et celle de l'islamisme radical. »
Le premier reproche, comment ne pas voir qu'il s'adresse, au bout du compte, au chef de l'État et plus encore à cette aile droite du PS dans laquelle se retrouve Manuel Valls ? Mais celui qui a porté « l'économisme technocratique » à son pinacle n'est autre que François Hollande lui-même. Depuis trois ans, le président a été bien souvent incapable de tenir à ses ouailles un discours qui soit autre que technique, budgétaire - sa « boîte à outils » -, quand il n'est pas la plupart du temps incantatoire. Ses communicants ont beau l'en dissuader, il retombe souvent dans ce travers.
Le chef de l'État ne théorise pas. Cela l'ennuie. Il voudrait faire la preuve par les faits, en faisant l'économie des longs débats dont raffolent les socialistes. Il décide seul, à l'Élysée, persuadé que les chiffres finiront par lui donner raison… Les fameux chiffres de la croissance et du chômage, son sésame pour un second et ultime mandat. Des données théoriques, trop abstraites et trop éloignées du quotidien harassant des Français : les gamins qui vandalisent, les profs qui ne sont plus respectés, les mobylettes qui pétaradent jusqu'à point d'heure, les incivilités, les prix des denrées en hausse, certaines administrations encore très tatillonnes, le sentiment que les politiques ne servent à rien et, maintenant, la peur des migrants…
Hollande joue au tennis avec une raquette de ping-pong
Dans la lignée d'un Delors, Hollande voudrait réformer le logiciel redistributif de la gauche, mais il se heurte sans cesse à sa prudence calculatrice, ce problème d'amplitude dans le mouvement. Il donne toujours le sentiment de jouer au tennis avec une raquette de ping-pong en servant des balles en coton. Et pourtant, il faut admettre que la droite, sous Chirac et Sarkozy, lors de ces dix années au pouvoir, n'a pas fait le quart de ce que François Hollande a offert aux entreprises quasiment sans contrepartie… Problème : tout est brouillé en permanence par d'autres mesures (pénibilité, RSI…).
Cambadélis, sans le pointer du doigt, exhorte Hollande à sortir de cet économisme pour revenir aux valeurs de la gauche : une liberté qui soit ordonnée, par exemple sur Internet où les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) puisent sans retenue dans les données personnelles ; une égalité réelle et plus seulement formelle ; et enfin la fraternité qui, face à la montée du religieux, ne peut être que laïque. Pour le premier secrétaire, le nouvel horizon du PS n'est plus l'État-Providence mais la « sociale-écologie », cette ambition d'assurer aux citoyens des conditions matérielles décentes sans mettre en péril la planète, tout en trouvant dans le développement des technologies propres un nouveau souffle économique.
Pour autant, Cambadélis sent bien que la vieille machine du parti socialiste, même si elle oriente sa doctrine vers la croissance verte, ne peut à elle seule assurer dans les temps à venir l'hégémonie à gauche. Sans l'unité, point de salut. D'où son idée de dépasser le cadre du PS par cette « alliance populaire » qu'il appelle de ses vœux. « Il nous faut aller vers un nouvel Épinay », dit-il. Il n'y aurait plus besoin d'être socialiste pour adhérer à cette « alliance populaire » dont le programme voudrait dessiner la France de demain en revenant aux valeurs. Cambadélis s'adresse aux sympathisants de la gauche, réalisant que l'alliance avec les appareils des autres partis de gauche se présente assez mal.
Valls rêve d'un « blairisme » à la française
Les forces de division de la gauche sont en effet encore puissamment en oeuvre : Valls rêve d'un blairisme à la française et ne cache pas qu'il se sent assez proche de François Bayrou. Arnaud Montebourg s'expose avec Yanis Varoufakis, un « marxiste irrégulier », selon sa propre définition. Cécile Duflot a opté pour l'autonomie en faisant le pari que le PS s'effondrera. Mélenchon rêve d'en découdre avec Hollande. Pierre Laurent estime que la survie des communistes passe par une candidature PC à la présidentielle.
Impuissant à fédérer les partis, le premier secrétaire du PS cherche à construire une machine électorale en faveur de François Hollande qui les supplante tout en jetant les bases du programme du candidat. Pour son second mandat, en 1988, François Mitterrand avait joué sur le « ni-ni » avec l'idée d'une certaine « ouverture » au centre. Cambadélis mise, quant à lui, sur l'unité retrouvée à la base et l'écologie comme projet. Le résultat des régionales, ultime scrutin-test avant la présidentielle, permettra à chacune des forces de la gauche de mesurer l'étendue des dégâts d'une telle situation. Cambadélis espère alors une prise de conscience, au moins chez les électeurs de gauche.
Le contrat minimum pour le premier secrétaire reste la qualification de François Hollande au second tour de la présidentielle. Si tel n'est pas le cas, le PS sera soumis à de telles tensions que l'explosion demeure le scénario le plus probable. Et la gauche ne reviendra plus au pouvoir avant de longues années…
Reste une inconnue : Hollande lui-même. Quand annoncera-t-il sa candidature ? Jusqu'à quand peut-il se décider ? Si le chômage n'a toujours pas baissé au début de l'été 2016, peut-il laisser traîner les choses au risque de gêner le PS qui, en cas de désistement du président, devra organiser rapidement une primaire à l'automne 2016 ou début 2017 au plus tard ? À gauche, le compte à rebours des dix prochains mois va être pesant…
Quand on connaît la biographie du Docteur Cambadélis on est charmé de savoir qu'il dirige le PS et que celui-ci entend sursauter sur ses valeurs.
Vous devez être un nostalgique de l'URSS ;
La France n'est pas gauche. Prenez toutes les élections de la 5ème république et additionnez le voix.
Au premier tour le total est majoritaire ment à droite, mais cette droite la plus bête du monde n'est pas capable concrétiser et à chaque fois on se fait avoir par les socialiste qui sont prêts à tout pour être au pouvoir y compris s'accoquiner ancec les extrême gauches (qui intrinsèquement ne représentent pas grand monde) ycompris les admirateurs de Staline Mao, Pol Pot et autre dictateurs sanguinaires responsables de bien plus de millions de morts que le plus grand "dictateur" de droite.
À Idra. Je ne suis pas aussi pessimiste que vous. Avec un deuxième tour entre Hollande et Marine, elle gagne. Les Français sont des veaux (Mes respects Mon Général), également maso mais jusqu'à un certain point. Et avec 70% des sympathisants UMP (on a oublié ce sondage) favorable à un rapprochement avec le FN, je vois mal ceux qui ont l'esprit Gaulliste voter à gauche.
Je pense que Hollande sera encore à l'Elysée pour 2017. Regardez tous les profils de candidatures et vous comprendrez. Notre pays est à gauche et le restera. Le PS a plus de voix dans la société française qu'ailleurs. Normal, notre pays est le seul à avoir une population qui compte plus de 50 % de fonctionnaires et de personnels attachés à l'Etat et aux communes. Les paris sont ouverts. Exemple bien frappant de notre société : la réélection de Mitterrand malgré une gestion calamiteuse poivrée par des affaires. Le grand changement n'est pas pour demain avec des élus qui ne pensent qu'à leur pouvoir.