L’ouverture de la session parlementaire, le 18 août, sera le théâtre de l’acte final dans le drame politique qui se joue au sein du parti au pouvoir en Birmanie, le parti de la solidarité et du développement de l’union (USDP).

Après avoir été démis de son poste de dirigeant de l’USDP le 12 août dernier, Shwe Mann pourrait ainsi être forcé de quitter son poste de chef du Parlement.

Vu depuis plusieurs mois comme un candidat sérieux pour succéder au président Thein Sein après les élections de novembre prochain, Shwe Mann ferait les frais de son esprit d’ouverture.

Pour The Myanmar Times, Shwe Mann était “l’un des membres du parti le plus ouvert aux réformes”. Ancien général lui-même, il avait poussé pour des changements constitutionnels qui auraient permis de “limiter l’emprise des militaires sur le pouvoir politique”.

La Birmanie est engagée dans une transition démocratique chaotique depuis 2010 et le scrutin de novembre prochain est une étape cruciale, puisqu’il sera le plus libre organisé depuis plus de vingt ans. Si l’armée a remis le pouvoir aux civils depuis 2010, elle conserve un contrôle très strict sur les institutions, la Constitution birmane lui garantissant une minorité de blocage au Parlement, où 25 % des sièges sont réservés aux militaires.


“Certains voulaient faire de ce parlement une simple chambre d’enregistrement, je voulais en faire l’âme de la démocratie de notre pays. Cela m’a créé de nombreux problèmes et m’a mis en danger”, a écrit Shwe Mann sur son profil Facebook.

“C’est un coup à la birmane, sans verser de sang, qui met un terme aux ambitions présidentielles de Shwe Mann”, estime l’éditorialiste de The Irrawaddy.

Après la démission forcée de Shwe Mann et de ses alliés, le comité central du parti a été consolidé, poursuit The Myanmar Times, avec l’arrivée “d’anciens hauts gradés de l’armée qui ont récemment rendu leurs uniformes afin de participer au scrutin de novembre prochain”.
 
The Irrawaddy
raconte combien “l’alliance informelle” que Shwe Mann aurait forgée “avec Aung San Suu Kyi, la chef du parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie [LND]”, mettait mal à l’aise au sein de l’USDP. “Cette alliance inédite au-delà des divisions politiques semble avoir inquiété dans les rangs de l’armée birmane et de son état-major, soucieux de ne pas être affaibli dans le paysage postélectoral”, d’autant que la LND, emmenée par le Prix Nobel de la paix, pourrait remporter de bons scores aux élections.

“Que se passerait-il si la LND remportait la majorité des voix ? Quel serait l’impact sur l’unité de l’USDP ou sur le rôle politique de l’armée ?” Des questions formulées par The Irrawaddy que le président Thein Sein et ses proches ne voulaient pas avoir à se poser après le scrutin.

Ancienne étoile montante du parti, Shwe Mann n’est désormais plus qu’une énième victime des purges internes de l’appareil militaro-politique qui contrôle la Birmanie depuis 1962.