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RWANDA / POLITIQUE

L'opposition rwandaise s'organise contre un 3e mandat de Kagame

Cinq partis d'opposition rwandais unissent leurs forces contre le troisième mandat de Paul Kagame. Ce dernier vient d'obtenir le feu vert du Parlement à une réforme constitutionnelle qui lui permettrait de briguer un nouveau mandat en 2017.

Les partisans de Paul Kagame brandissent un poster du président, élu depuis 2003 mais homme fort du pays depuis la fin du génocide en 1994.
Les partisans de Paul Kagame brandissent un poster du président, élu depuis 2003 mais homme fort du pays depuis la fin du génocide en 1994. Photo: Finbarr O'Reilly/Reuters
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L'opposition rwandaise veut faire entendre sa voix. En fin de semaine dernière, celle-ci lancé depuis la Belgique une nouvelle plateforme. Il y a les partis dont les leaders sont encore en prison au Rwanda. C’est le cas du FDU de Victoire Ingabire, le PDP de Deo Mushayidi ou encore le PSI de Bernard Ntaganda, qui lui vient d'en sortir. Deux autres partis sont, eux, en exil ; il s'agit d'Amahoro people's congress et du RNC dont les dirigeants ont été assassinés, comme Patrick Karegeya. 

Via cette plateforme, ils demandent à la communauté internationale de faire pression sur Kigali pour une ouverture de l'espace politique rwandais. Ils veulent montrer qu'il existe bel et bien une opposition au projet de réforme constitutionnelle validé la semaine dernière par l'Assemblée nationale et qui permettrait au président Paul Kagame de pouvoir se représenter en 2017. « Nous savons qu’en (lui permettant de) se maintenir au pouvoir, nous érigeons au Rwanda non une dictature, mais plutôt un royaume. Ce ne sera plus une république, pour nous, puisque le président se maintiendra au pouvoir éternellement. Autrement dit nous nous attendons à des frustrations, qui peuvent éventuellement engendrer une guerre » s’alarme Jean-Damascene Munyampeta, secrétaire général du PDP Imanzi.

Bernard Ntaganda (G) président du parti socialiste Imberakuri et Victoire Umuhoza Ingabire (D), présidente des Forces Démocratiques Unies (FDU), leaders de l'opposition rwandaise.
Bernard Ntaganda (G) président du parti socialiste Imberakuri et Victoire Umuhoza Ingabire (D), présidente des Forces Démocratiques Unies (FDU), leaders de l'opposition rwandaise. Montage/RFI

Seulement dix électeurs opposés à la réforme ?

Du 20 juillet au 10 août, les parlementaires ont pourtant mené des « consultations populaires » à travers le pays pour sonder les Rwandais sur un amendement de l'article 101 de la Constitution actuelle. A l’issue de ces consultations, le Parlement a estimé que seulement une dizaine de personnes au Rwanda étaient opposées à ce changement de Constitution. Là encore, l’opposition crie au scandale : « Nous avons nos membres au Rwanda. Des cinq partis qui ont signé (la plateforme), il y en a trois qui sont représentés au Rwanda. Ces trois partis ils ont chacun plus de 10 000 membres. Et ces gens, ils sont tous contre » poursuit le secrétaire général du PDP Imanzi. « Tout simplement il y a beaucoup de Rwandais qui n’ont pas voix au chapitre. On ne parle pas d’eux donc l’État dit ce qu’il veut dire », dénonce-t-il.

Alerter la communauté internationale

Par l’intermédiaire de cette nouvelle plateforme, l’opposition veut adresser un message à la communauté internationale. « On veut leur faire comprendre qu’il y a des politiciens capables de remplacer Kagame, que ce soit au Rwanda, que ce soit à l’extérieur. Sauf que Kagame ne leur donne pas la possibilité de montrer de quoi ils sont capables » insiste Jean-Damascene Munyampeta, secrétaire général du PDP Imanzi, qui rappelle que tous ceux « qui osent élever la voix, ils sont tous emprisonnés, ils sont tués, ils sont exilés ».

Au Rwanda, Paul Kagame insiste sur le fait que s'il se présente à un troisième mandat, ce sera uniquement s'il est plébiscité par son peuple. Mais, dans un pays régulièrement épinglé pour ses atteintes à la liberté d'expression et son manque d'ouverture politique, nombre d'observateurs estiment que ce plébiscite est orchestré par le pouvoir. Pour Jean-Damascene Munyampeta, « quand on pose la question au gouvernement, (sur la raison pour laquelle) ils n’ouvrent pas l’espace politique, ils disent :"non, nous avons ouvert l’espace politique, mais il n'y a pas de (besoin) d’opposition, tout le monde est d’accord" ».

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