L'Asie soutient les start-up locales qui copient Uber
•La société américaine est attaquée en Asie sur de nombreux fronts.•Le fonds souverain de la Chine entre au capital du singapourien GrabTaxi.
Par Myriam Chauvot
Taïwan, Thaïlande, etc. Nombre de pays d'Asie du Sud-Est qui ont condamné en justice la société américaine de réservation de voitures avec chauffeurs Uber Technologies, soutiennent aujourd'hui de plus en plus officiellement les start-up asiatiques le copiant. Après avoir arrêté, puis relâché la semaine dernière trois employés d'Uber à Hong Kong pour défaut de licences de chauffeurs professionnels, la Chine, via son fonds souverain China Investment Corp (CIC) a, selon le « Wall Street Journal », souscrit à la levée de fonds de 400 millions de dollars de la start-up singapourienne GrabTaxi, créée en 2012 sur le modèle du pionnier en la matière, fondée en 2009 à San Francisco.
CIC est aussi entré début juillet au tour de table de Di Di Kuaidi, copie chinoise d'Uber, qui a levé 2 milliards de dollars (ce qui le valorise 15 milliards de dollars). Alors même qu'Uber annonçait son intention de lever un milliard de dollars pour se développer en Chine (« Les Echos » du 8 juillet).
Réserver un taxi ou un vélo
Le modèle de GrabTaxi est celui d'Uber avec, au passage, des améliorations. Si l'interface est jugée moins conviviale, GrabTaxi opère via une application smartphone multipays, qui fonctionne aussi bien à Singapour qu'en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande, au Vietnam et en Indonésie et ses services de réservation portent aussi bien sur des taxis que sur des voitures avec chauffeurs (sous sa marque GrabCar)... et des vélos.
GrabTaxi, que sa dernière levée de fonds ne valorise encore qu'environ 1,8 milliard de dollars, a d'autres atouts, en plus de son caractère local, pour tailler des croupières à Uber en Asie du Sud-Est. Comme Ola Cabs en Inde, par exemple, GrabTaxi est plus adapté aux moeurs locales. Ainsi, aux Philippines, où le taux de pénétration des cartes de crédit n'excède pas 5 %, GrabTaxi permet de payer en cash. alors que l'interface d'Uber n'accepte que les cartes de crédit... Uber va au moins pouvoir jouer à égalité avec GrabTaxi sur un point : depuis lundi, les Philippines exigent que tous leurs chauffeurs aient une licence professionnelle. Et cela ne sera simple pour aucun des deux. Car leurs services sont souvent assurés par des voitures possédées par des particuliers, lesquels ne conduisent pas eux-mêmes et ont pris des employés. En Asie, la mode Uber a ainsi transformé beaucoup de particuliers en entrepreneurs. Au point, en Inde, de doper les ventes de voitures. Autant dire que si Uber n'a pas que des alliés dans la zone, le secteur automobile, lui, ne le regarde pas d'un mauvais oeil.
M. C.