Steve Maman, l'homme d'affaires qui rachète les esclaves sexuels de Daech

Le nom de Steve Maman ne vous dit sans doute pas grand-chose. Mais à peine envoyé à la Une des médias, Maman a déjà été affublé d'un surnom de choix : la presse canadienne l'a baptisé "le Schindler juif".

Rédaction en ligne
Steve Maman, l'homme d'affaires qui rachète les esclaves sexuels de Daech
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Si l'on excepte un patronyme qui prête aux sourires et calembours bas-de-gamme, le nom de Steve Maman ne vous dit sans doute pas grand-chose. Et pour cause : l'homme d'affaires, entrepreneur dans le secteur automobile à Montréal, n'agite l'actualité que depuis quelques jours. Mais à peine envoyé à la Une des médias, Maman a déjà été affublé d'un surnom de choix : la presse canadienne l'a baptisé "le Schindler juif".
Septante ans après avoir sauvé la vie de plus d'un millier de juifs durant la Seconde Guerre Mondiale, l'industriel allemand aurait donc trouvé un successeur en la personne d'un juif originaire du Maroc qui s'est lancé dans une mission de taille : sauver les esclaves sexuels de Daech. Successeur modeste, puisque Steve Maman refuse la comparaison avec celui qui lui sert pourtant de modèle, et préfère déclarer que sa fondation "permet à tout un chacun de devenir un Schindler moderne".
Avant de créer Liberation of Christian and Yazidi Children of Iraq, son organisation plus communément appelée CYCI, Steve Maman s'est lancé seul dans cette tâche presque herculéenne. Tout part d'une histoire d'entrepreneur classique, selon le récit livré par Maman lui-même : désireux de faire des affaires en Irak, Steve entre en contact avec le révérend Canon Andrew White. L'homme d'Église a vécu sur le sol irakien, et y a noué de nombreux contacts. Il n'en faut pas plus pour faire germer dans l'esprit de Steve Maman l'idée de sauver les esclaves sexuels de Daech.
"Nous avons commencé en janvier dernier, en aidant trois familles chrétiennes à sortir d'Irak alors que Daech se rapprochait dangereusement de leur village", raconte Maman à La Presse. Sa méthode, il la résume en une phrase : "C'est un problème qui peut être résolu avec de l'argent". Plus précisément, avec une somme comprise entre 1.500 et 2.000 euros pour permettre à un enfant tombé aux mains de Daech de retrouver sa famille.
Des courtiers pour effectuer les "rachats"
"Nous avons des courtiers qui se trouvent sur place, à l'intérieur du califat", ajoute Steve Maman quand on lui demande de préciser ses méthodes sur les ondes de ICI RDI. "Ce sont des gens qui sont évidemment de la religion de l'Islam, mais qui ne sont pas nécessairement d'accord avec les pratiques envers les chrétiens et les yézidis qui sont retenus". Ces courtiers négocient donc directement avec les propriétaires des enfants devenus esclaves sexuels. Selon quelles modalités ? "On ne le sait pas, et on ne veut pas le savoir" répond Maman.
Après avoir sauvé, selon ses propres dires, un peu plus de cent enfants grâce à sa fortune personnelle, Steve Maman a donc fondé CYCI et lancé une récolte de fonds en ligne, avec la somme de 9 millions de dollars dans le viseur. Nombreux sont ceux qui saluent son initiative, mais certaines voix s'élèvent en l'accusant de financer Daech, et d'inciter l'organisation terroriste à multiplier les enlèvements pour récolter encore plus d'argent. "Nous sommes la seule organisation officielle qui tente de sauver ces enfants", se défend Maman. "Je cherche des solutions. Je vous rappelle que les juifs ont vécu l'Holocauste et les pays ont mis six ans à réagir. Pourquoi attendre pour sauver ces enfants ?"

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