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Explosions à Tianjin: le fils d'un ex-chef de la police impliqué

Plusieurs arrestations ont eu lieu parmi les propriétaires de l'entrepôt de Tianjin, en Chine, où se sont produites les explosions ayant coûté la vie à plus d'une centaine de personnes la semaine dernière. L'un d'entre eux, fils d'un ancien chef de la police, a révélé à la presse la corruption politique ayant permis l'accident.

La lumière commence à se faire sur les causes des déflagrations géantes survenues dans un entrepôt du port de Tianjin dans la nuit de mercredi à jeudi la semaine dernière, qui ont fait au moins 114 morts. Dix responsables de l'entreprise Tianjin Rui Hai International, à qui appartenait l'entrepôt, ont été arrêtés.

Parmi eux, Dong Shexuan, 34 ans, le fils d'un ancien chef de la police du port de Tianjin. Il contrôlait 45% des parts de Rui Hai, mais celles-ci étaient au nom d'un camarade d'études. Le reste de l'entreprise appartenait à Yu Xuewei, un ancien dirigeant du groupe public Sinochem, géant chinois de l'industrie chimique. Lui aussi s'était dissimulé derrière un prête-nom, en l’occurrence un proche ami, précisait Chine nouvelle.

Passe-droits politiques

Les propriétaires de l'entrepôt avaient en fait utilisé les noms d'amis pour camoufler leur identité et leurs connexions politiques, selon un média d'État chinois. "J'ai demandé à mon condisciple de garder ces actions en mon nom, à cause de mon père. Si la nouvelle que je faisais ce genre d'investissements s'était ébruitée, cela aurait pu avoir des répercussions néfastes", a expliqué M. Dong, cité par l'agence d'État.

Quelque 700 tonnes de cyanure de sodium, un composant hautement toxique, étaient conservées dans cet entrepôt, à moins de 1 km de zones habitées et d'axes routiers importants, ce qui est prohibé par les règles de sécurité chinoises en vigueur. Dong Shexuan a reconnu avoir utilisé ses relations politiques pour faire en sorte que soient délivrés tous les permis nécessaires et pour passer sans encombre les inspections. "Mes connexions sont dans la police et chez les pompiers. J'allais rencontrer des responsables des brigades de pompiers du port de Tianjin, j'allais leur donner des fichiers, et très vite, je recevais leur feu vert."

La fumée s'échappe d'entrepôts dans le port de Tianjin, le 13 août 2015.
La fumée s'échappe d'entrepôts dans le port de Tianjin, le 13 août 2015. © Greg Baker - AFP

Enquête pour corruption

Tianjin Rui Hai International Logistics a par ailleurs opéré sans licence pendant neuf mois, jusqu'à juin dernier, a ajouté Chine nouvelle. "Après l'expiration de notre premier permis, nous avons fait une demande d'extension. Mais en attendant, nous n'avons pas arrêté nos activités, a commenté Yu Xuewei. Nous ne pensions pas que c'était vraiment un problème. Beaucoup d'autres firmes le font aussi."

Parallèlement, a été ouverte une enquête pour corruption à l'encontre du directeur de l'administration d'État chargée de la sécurité au travail. Pékin cherche aujourd'hui à mettre l'accent sur les manquements de responsables locaux, s'efforçant de détourner la colère populaire et les dénonciations de défaillances plus générales au niveau national.

la rédaction avec AFP