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Emmanuel Macron face aux défis de l'Etat-actionnaire

•Depuis un an, le ministre s'est affirmé comme une valeur sûre de l'exécutif.•Mais il devra gérer des dossiers industriels lourds dans les prochains mois.

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Par Grégoire Poussielgue, Frédéric Schaeffer

Publié le 20 août 2015 à 01:01

Sa nomination, il y a tout juste un an, avait hérissé les poils, et pas seulement ceux des plus fervents militants socialistes : un ancien de la banque Rothschild au gouvernement pour remplacer Arnaud Montebourg, le pourfendeur de la mondialisation ! « Jugez-moi sur mes actes et sur les paroles. Il n'y a que ça qui compte », avait répondu Emmanuel Macron. Un an plus tard, le ministre de l'Economie est au rendez-vous. Sa loi, promulguée au coeur de l'été, restera comme l'une des plus importantes du quinquennat de François Hollande. La loi Macron est le « symbole de la volonté de réforme » du gouvernement, a souligné Manuel Valls en juin. L'exécutif compte sur elle pour consolider une reprise encore chancelante. Le ministre qui l'a portée est devenu une valeur sûre de l'exécutif, non sans en payer le prix sur le plan politique. Le texte a cristallisé la rupture, au sein du PS, entre les frondeurs et les tenants de la ligne majoritaire. Et le gouvernement a été obligé de dégainer l'arme du 49-3, du jamais-vu depuis 2006. Emmanuel Macron symbolise lui aussi cette rupture et il ne se gêne pas pour l'exprimer. « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires », déclare-t-il aux « Echos » en janvier. Pas vraiment la ligne traditionnelle du PS... Il « n'est pas socialiste », a déclaré le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis, dans une déclaration opportune à la veille du congrès de Poitiers en juin. Emmanuel Macron n'a pas sa carte du PS. Chez les sympathisants de gauche, il n'occupe que la 12e place dans le dernier baromètre CSA-Les Echos, avec plus d'opinions négatives (43 %) que positives (40 %). A l'inverse, il est la personnalité de gauche la plus appréciée des sympathisants de droite, à 52 %.

Le numérique, prochain chantier

Emmanuel Macron n'en a pas fini avec les réformes. Ni avec les difficultés. Sa première loi promulguée, il doit encore s'atteler aux nombreux décrets d'application attendus d'ici à la fin de l'année. Un travail auquel « il va consacrer beaucoup de temps », précise son entourage. Pour s'assurer de la bonne mise en oeuvre de sa loi.

Mais le ministre planche déjà sur un futur texte, cette fois sur l'innovation et la mutation de l'économie à l'heure du numérique. « Cela ne passera pas nécessairement par une loi », précise-t-on à Bercy alors que la forte présence d'Emmanuel Macron sur les sujets numériques a, un temps, jeté le trouble sur l'avenir du projet de loi de sa secrétaire d'Etat, Axelle Lemaire. Le ministre fera ses propositions de réforme en décembre. L'idée est de créer « un cadre favorable au développement de toutes ces nouvelles activités que l'on voit émerger avec le numérique », explique son entourage. Transports, santé, culture... le ministre compte bien passer au peigne fin tous les secteurs d'activité. Quitte à marcher sur les plates-bandes de ses collègues ? « Ils seront étroitement associés au chantier », assure-t-on. « Des tensions au travail, tout le monde en connaît », a éludé Axelle Lemaire mardi sur France Info. François Rebsamen, ministre du Travail pour encore quelques jours, a aussi testé les velléités d'Emmanuel Macron d'empiéter sur ses prérogatives...

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Le dossier Air France suivi de près

Des dossiers industriels très lourds attendent également l'ancien banquier d'affaires. Au-delà de l'accord avec EDF, l'avenir du groupe nucléaire Areva passe par une recapitalisation de l'Etat. Quant au rachat d'Alstom par GE, il est encore suspendu au feu vert de Bruxelles. L'Etat actionnaire suit de près le dossier Air France où, selon Bercy, « l'enjeu n'est pas qu'une question de productivité mais aussi de rétablissement du "business model" ». La renégociation du contrat entre la RATP et la région Ile-de-France ou encore la négociation d'une nouvelle convention collective à la SNCF sont autant de défis à venir pour des entreprises publiques. Mais sur ces dossiers-là aussi, le jeune ministre de l'Economie devra composer avec ses collègues.

À noter

Emmanuel Macron interviendra mardi à Berlin lors de la conférence des ambassadeurs allemands pour parler Europe et réformes en France.

Grégoire Poussielgue Frédéric Schaeffer

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