Pascal Husting, 52 ans, est le directeur des campagnes internationales de Greenpeace. Après la libération définitive des trente membres de l'équipage de l'Arctic-Sunrise, le brise-glace appartenant à Greenpeace, arrêtés le 19 septembre 2013, incarcérés, puis amnistiés le 18 décembre par les autorités russes, il affirme que son organisation continuera sa campagne contre l'exploitation pétrolière dans les mers de l'Arctique.
Retournerez-vous en Russie mener des actions contre les forages en Arctique ?
Oui. Ne pas retourner dans l'Arctique russe n'est pas envisageable pour nous. Le premier baril de pétrole issu de l'exploitation, par la plate-forme de Gazprom, du plateau continental russe va arriver dans les prochains mois sur le marché. Mais il faut affiner notre tactique. Ce pétrole va être vendu : il faudra trouver où il sera raffiné, très probablement en Europe. Nous n'allons pas tomber dans le piège tendu par les autorités russes : nous ne sommes pas une organisation antirusse.
Quelles sont vos cibles ?
Sans l'aide des grandes compagnies occidentales, les Russes ne pourront jamais exploiter pleinement ces immenses réserves de pétrole. Ces compagnies jouent un rôle primordial. Il s'agit pour nous d'établir un rapport de forces avec Shell, BP, Exxon, contre lesquelles nous agissons depuis longtemps.
Concrètement ?
Shell vient d'annoncer son intention de relancer le projet d'exploitation au large de l'Alaska, interrompu en mars 2013 pour des raisons de sécurité. Les Etats-Unis imposent aux compagnies désireuses de forer dans leurs eaux territoriales de doubler toutes les infrastructures en cas de problème mécanique. Nous savons que Shell va rassembler une véritable armada de plusieurs dizaines de bateaux et plates-formes dans les trois ou quatre mois à venir. Ils devront partir de tous les pays, notamment en Asie et Europe. Cela va nous offrir une véritable campagne internationale, nous allons pouvoir choisir nos cibles.
Allez-vous récupérer votre navire, l'Arctic-Sunrise, toujours détenu par les autorités russes ?
Selon nos informations, les Russes, après les fêtes, nous permettraient d'aller le chercher à Mourmansk. Le gouvernement russe a tout intérêt à éviter un conflit avec le Tribunal international du droit de la mer, qui a ordonné la libération du bateau, et les Nations unies, alors que se joue la délicate question de l'ouverture du passage du Nord-Est dans l'Arctique.
Il vous reste 46.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.