Courir le Tour de France... à pied!

Alain Dubé, de Colombie-Britannique, un des 17 athlètes à avoir couru les 2800 km du Tour de France en août 2015
Photo : Tour de France Footrace
Prenez note que cet article publié en 2015 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un Canadien figure parmi les 17 seuls athlètes au monde à avoir réussi un exploit d'endurance unique : courir le Tour de France, pas à vélo, mais à pied. Alain Dubé, de la Colombie-Britannique, a parcouru 2800 km, l'équivalent de deux marathons par jour pendant 43 jours sans aucun jour de repos.
De retour à Brentwood Bay, en banlieue de Victoria, Alain Dubé est encore un peu sous le choc. Le choc du décalage horaire, mais surtout le choc de ce qu'il a accompli en France.
« Quand je parle de ça, c'est comme un rêve, on dirait que ça ne s'est pas vraiment réalisé », dit-il.
Au-delà des limites du physique et mental

ALain Dubé, seul Canadien à avoir finit le Tour de France à la course à pied Footrace
Photo : Tour de France Footrace
2776 km. 28 départements de France traversés à la course à pied en 43 jours. Sans jamais prendre de repos. Un exploit qu'il est le seul Canadien à avoir réussi, et qu'il partage avec 16 autres athlètes internationaux : Français, Australien, Japonais, Allemand, Suisses, Hollandais. Une épreuve qui l'a changé à jamais, dit-il :« j'ai perdu énormément beaucoup de poids, j'avais une grosse barbe, je ne me ressemblais plus ». Mais c'est surtout mentalement qu'il se trouve changé.
C'est vraiment pousser tes limites physiques et mentales à l'extrême, et au-delà. T'es plus toi-même, on dirait que t'es comme sorti de toi-même, on dirait que t'es sorti de ton corps, ou de ta personnalité, que tu deviens quelqu'un d'autre.
Une première mondiale

25 athlètes ont tenté le Tour de France Footrace. 17 ont finit. Premier à droite, Alain Dubé.
Photo : Tour de France Footrace
C'était la première fois que le Tour de France Footrace était organisé, le but étant de faire courir l'ancien parcours du Tour de France à pied, au même moment où les cyclistes se disputaient le nouveau parcours du Tour de France en vélo.
Quarante athlètes du monde entier ont été sélectionnés. Mais face à l'exigence de l'épreuve, les abandons se sont succédé les premiers jours. Vingt-cinq ont réellement tenté l'aventure. Parmi eux, deux Canadiens, Alain Dubé et Yves Beauchamps. Mais au classement final, seuls 17 athlètes se sont rendus jusqu'au bout.
Le seul Canadien à avoir relevé le défi, Alain Dubé, se dit fier d'être parmi eux. Il a même remporté deux étapes, et s'est classé douze fois dans les trois premiers.
Préparation mentale
Ce périple exténuant n'est pas pour tout le monde, mais la plus importante préparation est mentale, dit l'homme de 47 ans.
C'est sûr que ça fait extrêmement mal. Il faut que tu déconnectes. Ça prend de la pratique à réussir ça. Sinon [...] la première réaction, ton corps te demande d'arrêter, mais il faut que tu continues.
Des douleurs d'autant plus persistantes que les nuits étaient loin d'offrir un sommeil réparateur. Les athlètes étaient logés sur des terrains de camping où, pendant que les coureurs perçaient leurs ampoules sous la tente, les vacanciers s'amusaient en musique.
Courir sous la canicule
Finalement,c'est la chaleur qui a été l'obstacle le plus pénible : « On courait avec des températures de 43º C. Je n'étais vraiment pas préparé à ça. (...) J'ai eu trop chaud, j'ai manqué le ravitaillement, j'étais complètement déshydraté ».
Résultat : il a dû ralentir et n'a pu terminer dans les temps dans 6 des 43 épreuves.
Un entraînement de longue haleine

Alain Dubé arrive premier à l'étape de Baugé, au Tour de France Footrace, août 2015
Photo : Tour de France Footrace
Il se préparait depuis trois ans à ce Tour. Non seulement physiquement, mais aussi financièrement. L'aventure lui a coûté 17 000 $, et il l'a financée à coups d'heures supplémentaires, précieusement économisées. Parce que même s'il trouve le temps de courir 220 km par semaine, il travaille à temps plein comme aide-soignant à l'hôpital.
Le plus gratifiant, dit ce coureur avide, c'est d'avoir si bien performé dans les montagnes. Mais, comment faisait-il pour se préparer à courir dans les Alpes, alors qu'il vit en banlieue de Victoria, où le plus haut « mont », le mont Work, fait 330 mètres?
Je n'avais pas les montagnes ici, mais j'allais monter de bonnes montagnes et je les faisais à plusieurs reprises, Monte descend, monte descend.
Des souvenirs irremplaçables

Col de Soubeyrand, km 48 du Tour de France.
Photo : Tour de France Footrace
Pour un premier voyage en France, Alain Dubé se compte extrêmement chanceux : « C'était très très beau. J'ai visité la France au complet, j'ai même vu la France mieux que les Français eux-mêmes, dans des places extraordinaires ».
Il s'est aussi fait des amitiés soudées par l'effort en commun.
Quant à l'arrivée à Paris, sous la tour Eiffel, à la fin de la 43e et dernière épreuve, jamais il ne l'oubliera.
Au classement final, c'est le Japonais Takasumi Senoo qui a remporté ce véritable marathon d'Ironman.

Les trois gagnants du Tour de France Footrace à leur arrivée à Paris
Photo : Tour de France Footrace
Alain Dubé a déjà été invité à participer au prochain Tour de France Footrace, qui sera en 2017. Il ne sait pas encore s'il est prêt à répéter un tel périple. « Je vais me reposer maintenant », dit-il.
Un repos bien mérité, après près de 400 heures de course en 43 jours.