
Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre pour 2017, livre au Parisien Magazine dix propositions-clés en matière d’éducation, vendredi 21 août.
Pour Alain Juppé, la réforme de l’éducation, « mère de toutes les réformes », est une priorité qu’il entend défendre. Favori des sondages avant la primaire des Républicains, il entend ainsi contrecarrer les plans de Nicolas Sarkozy, son principal rival et président du parti, qui a débuté sa campagne autour du thème de l’islam lors du premier débat collectif, en juin.
S’il était élu président en 2017, l’ancien premier ministre (Les Républicains) assure qu’il ferait du début du cursus scolaire sa « priorité », « c’est-à-dire l’école maternelle et l’école élémentaire. De l’avis des psys, c’est là que tout se joue, notamment l’illettrisme ». Il propose ainsi de mettre en place, « tout au long de la primaire, un système d’évaluation pour rattraper les enfants dès qu’on sent qu’ils décrochent ».
Augmenter les salaires des enseignants du primaire de 10 %
Il envisage également d’augmenter les salaires des professeurs des écoles de 10 %. « En contrepartie » ils « doivent être plus présents dans l’établissement, et plus disponibles pour les élèves et leurs parents ». Une proposition déjà émise par Ségolène Royal lors de la campagne de 2007. Mais, là encore, Alain Juppé ne se veut pas « sectaire » :
« Ségolène Royal peut avoir de bonnes idées, encore faut-il les appliquer. »
Pour financer cette réforme, M. Juppé entend faire des économies sur l’organisation du baccalauréat, qui coûte chaque année plus de 1,5 milliard d’euros, selon le principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN. Il propose de modifier l’organisation du bac, pour « économiser plusieurs centaines de millions d’euros » :
« Il faut réduire le nombre d’options et d’épreuves à quatre ou cinq, le reste des acquis étant soumis au contrôle continu »
S’il entend augmenter le salaire des enseignants, le maire de Bordeaux l’assure : « Je ne propose pas d’augmenter la durée du travail » dans les établissements scolaires, « mais de la répartir autrement afin de garantir une présence effective dans l’établissement ». Cela se ferait dans un premier temps « sur la base du volontariat ».
Réaffecter des postes vers le primaire
Selon lui, « on peut réaffecter des postes d’enseignants [du collège et du lycée] vers le primaire. Mais cela ne peut se faire du jour au lendemain. Il faudra étaler cette réforme sur les cinq ans du mandat présidentiel. À ce stade, je n’ai pas chiffré l’impact. Cela donnera lieu à des controverses, je le sais », dit-il.
« Je ne promets pas d’augmenter les effectifs, mais je m’engage à maintenir le budget de l’éducation nationale à son niveau actuel », dit-il également, assurant que « réformer n’est pas une question de moyens ».

Des établissements plus autonomes
Partisan de laisser « une plus grande autonomie » aux établissements, il affirme vouloir aller « beaucoup plus loin que la réforme du collège (programmée pour 2016), qui prévoit 20 % d’autonomie dans la gestion de l’emploi du temps ». Selon lui, les établissements devraient également être libres d’adapter les programmes scolaires aux élèves : « Si, à certaines périodes de l’année, les équipes veulent faire un peu plus de maths et un peu moins de français, elles doivent pouvoir le faire. »
Quant au recrutement de nouveaux enseignants, M. Juppé veut abandonner le modèle actuel selon lequel « on recrute des gens à partir d’un barème informatique ». En lieu et place de cela, il souhaite voir « se développer la notion de “poste à profil” », afin de recruter « le bon enseignant pour le bon poste ».
Parmi les propositions-clés du candidat Juppé, également formulées dans un livre, Mes chemins pour l’école (JC Lattès), à paraître le 26 août, figurent également le recrutement, dans les crèches, d’« animateurs linguistiques », l’instauration d’« un rendez-vous trimestriel obligatoire » entre parents et équipes pédagogiques, le renforcement du rôle des enseignants tuteurs et l’amélioration de la formation initiale des enseignants.
Des vacances d’été raccourcies
Mais l’ancien premier ministre s’attaque également à une proposition polémique : le raccourcissement des vacances d’été. Si deux anciens ministres de l’éducation nationale – Luc Chatel et Vincent Peillon – ont essayé, aucun n’a réussi à la mettre en place. Pourtant, selon M. Juppé, « ce sera une orientation à prendre ».
En comparant la situation française à celle des autres pays, il assure que « nos enfants ont plus d’heures de cours et elles sont plus concentrées sur une plus brève période, c’est pour cela qu’ils sont fatigués ».
Pour lutter contre l’absentéisme des élèves, « pourquoi ne pas conditionner certaines aides et allocations au respect d’un certain nombre de règles ? », propose-t-il. M. Juppé dessine ainsi l’idée d’un « système de contravention immédiate » en ce qui concerne le trafic de drogue autour des établissements scolaires, « aujourd’hui généralisé », selon lui.
La laïcité réaffirmée
Du point de vue de la laïcité, Alain Juppé a, là encore, une position qui tranche avec Nicolas Sarkozy. Si ce dernier avait affirmé en 2007 que l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé en matière de transmission des valeurs, le maire de Bordeaux s’en détache.
« Je ne partage pas cette déclaration. Je suis très attaché au principe de laïcité. L’école n’est pas faite pour transmettre les valeurs religieuses, mais les valeurs de la République ».
S’il n’entend pas enseigner les religions dès la primaire, M. Juppé entend « mieux enseigner le fait religieux » au collège pour que « chacun comprenne ce qu’est une cathédrale, une fête patronale ». Concernant la religion musulmane, les collégiens doivent « vaguement savoir ce qu’est le Coran ».
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