Peuplée d’un peu plus de 2 millions d’habitants, la Macédoine, le plus petit Etat des Balkans, craque sous l’afflux de migrants. Depuis le 20 août, le gouvernement de Skopje a décidé de déclarer “l’état d’urgence” ainsi que la fermeture de ses frontières sud et nord, respectivement avec la Grèce et la Serbie, ce qui correspond au principal axe emprunté par les candidats à l’asile sur leur route vers l’Europe de l’Ouest.

“Nous savons bien que cette mesure ne règle pas la question, mais nous espérons que, rapidement, l’Union européenne trouvera une solution à ce problème auquel sont confrontés tous les pays de la région”, a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Ivo Kotevski, cité par le quotidien macédonien Vecer (Le Soir).

“Malheureusement, la Grèce ne garde pas sa frontière”

Sans surprise, le sujet occupe la une des journaux de Skopje qui, tous, insistent sur les conséquences du renforcement des contrôles à la frontière. Les forces spéciales de la police et l’armée ont été déployées le long de la frontière avec la Grèce, à Gevgelija, ainsi qu’au nord, à Tabanovce, le point de passage vers la Serbie. “Déjà, des milliers de migrants attendent, bloqués, et la tension monte”, écrit Utrinski vesnik (le Journal du matin), alors que les agences internationales rapportaient des tirs de gaz lacrymogène contre les candidats à l’asile.

Selon la presse macédonienne, ils seraient quelque 41 000 à avoir franchi illégalement la frontière du pays ces deux derniers mois. Tous les journaux soulignent que la petite Macédoine n’a “aucunement les moyens d’accueillir humainement tous ces gens”. Et ils ne manquent pas d’accuser la Grèce voisine d’encourager les migrants à se rendre en Macédoine, une position partagée par les officiels macédoniens.

Malheureusement, la Grèce ne garde pas sa frontière, et nous constatons en outre un grand nombre de cas de transfert organisé de migrants illégaux jusqu’à notre frontière”, a déclaré M. Kotevski.

Le flux ininterrompu des migrants pendant tout l’été a aussi mis en lumière le manque de coopération entre les Etats de la région où, face à ce problème aigu, le principe du “chacun pour soi” balkanique semble prévaloir. Sans parler de quelques coups bas qui ont failli dégénérer en incidents diplomatiques, comme ce projet d’Athènes d’acheminer les quelque 2 700 migrants recueillis sur un ferry en autocar vers la Macédoine.

En Serbie, où les autorités fustigent la décision de leurs voisins hongrois d’ériger une clôture de barbelés pour stopper les migrants, le ministre des Affaires étrangères Ivica Dacic a expliqué, dans le quotidien Danas de Belgrade, que ces derniers iront alors, faute de mieux, vers la Bulgarie et la Croatie.

Face aux protestations de Sofia, dont l’ambassadeur dans la capitale serbe à demandé des “éclaircissements”, le cabinet d’Ivica Dacic a argué d’une “erreur de traduction” dans ses propos tels qu’ils ont été relatés dans la presse bulgare.