La course aux valeurs refuges reprend

Est-ce le début de la fin sur les marchés financiers ou simplement un accident de parcours en plein été ? Stressés, les investisseurs l’étaient assurément vendredi. Depuis une semaine, inquiétudes et nervosité ont réinvesti les marchés. Le niveau de peur que mesure le Volatility Index (VIX ou indice de volatilité) n’a cessé d’augmenter. Sur les cinq dernières séances, il s’est envolé de près de 45 %, à 19,14, renouant avec les plus hauts atteints le 9 juillet avant qu’un accord ne soit trouvé sur la Grèce.

Comme toujours dans un marché où le risque augmente, les investisseurs ont préféré reporter leur argent vers les éternelles valeurs refuge. C’est le fameux « flight to safety ».

« Ceux qui avaient commencé à prédire le chant du cygne il y a quatre semaines, ont dû se frotter les yeux d’étonnement » s'amuse Commerzbank, dans une note publiée vendredi matin sur les matières premières. Ainsi l’once d’or, qui était tombée fin juillet sous la barre des 1.100 dollars, au plus bas depuis 2010, s’est donc assez fortement appréciée. Sur les trois dernières séances, elle a gagné près de 50 dollars et touché un plus haut dans la matinée à 1.170 dollars. Entre mercredi et jeudi de la semaine passée, les flux à destination des ETF indexés sur l’or ont crû considérablement de 7,1 tonnes. Les cours évoluent désormais bien au-dessus des prévisions de Morgan Stanley, qui, pessimiste, estimait que le métal jaune pourrait tomber à 800 dollars l’once dans le pire des scenarii.

Repli sur les obligations

Les investisseurs financiers se sont aussi repositionnés sur les obligations des pays les mieux notés, jugés les plus fiables et solides. Cela a conduit à une nette baisse de leur taux d’intérêt au détriment de ceux des pays jugés plus fragiles (pays périphériques). Les rendements des bons du Trésor américains à dix ans se sont repliés vers 2 %, à 2,0679 %. Ils ont reculé de 15 points de base en une semaine. Ce dernier n’avait pas connu un tel repli depuis le 19 juin. En Allemagne, le taux à 10 ans est retombé à 0,584 % contre 0,754 % le 5 août. En France, il a reflué sous les 1 %. A l’inverse, en Italie et en Espagne, pays nettement moins bien notés, les taux ont remonté en une semaine.

Corollaire du « flight to safety » sur les taux souverains, les indices Itraxx qui reflètent le coût de la protection contre le risque de défaut ont enregistré un net mouvement de tension la semaine passée. Sur un mois, depuis le 20 juillet, l’Itraxx Europe a fortement augmenté, de près de 15 points, à plus de 73,7.