VIDEOS. Thalys : «La vérité de M. Anglade n'est peut être pas la seule», pour le patron de la SNCF

VIDEOS. Thalys : «La vérité de M. Anglade n'est peut être pas la seule», pour le patron de la SNCF

    Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, annonce qu'il va rencontrer l'acteur Jean-Hugues Anglade qui ne mâche pas ses mots à propos des agents SNCF, présents dans le Thalys. Anglade, témoin de l'attaque avortée dans le Thalys Amsterdam-Paris, vendredi après-midi, livre ce samedi son récit sur le déroulement de cette attaque terroriste qui aurait tourné au drame sans l'intervention de deux militaires américains qui ont pu capturer et maîtriser le terroriste.

    C'est lui qui, assure t-il, a tiré la sonnette d'alarme dans le train, dérouté ensuite vers Arras. Dans un entretien à Paris-Match, Jean-Hugues Anglade accuse des agents SNCF d'avoir fui sans aider les passagers. Il raconte: «Nous avons entendu des passagers hurler en anglais Il tire ! Il tire ! Il a une kalachnikov !  J'étais avec mes deux enfants et ma compagne, autour de nous, il y avait une quinzaine de passagers. Tout à coup, des membres du personnel naviguant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur... Le tireur était à quelque dizaines de mètres de nous, dans le wagon numéro 12...»

    «L'homme armé venait vers nous. J'ai pensé que c'était la fin»

    Et d'ajouter : «Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice, nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, mais personne ne nous a répondu. Silence radio». L'acteur poursuit : «L'homme armé venait vers nous, il était déterminé. J'ai pensé que c'était la fin, que nous allions mourir, qu'il allait tous nous tuer. Oui, on s'est vu mourir car nous étions prisonniers de ce train, et qu'il était impossible de s'échapper de ce cauchemar. Nous étions piégés dans une souricière ! C'est un sentiment terrifiant de se sentir autant impuissant. On cherchait tous une issue, un moyen de s'enfuir, de survivre. J'ai brisé la vitre pour tirer l'alarme pour arrêter le Thalys ! Le verre a méchamment entaillé mon majeur jusqu'à l'os, et les machines ont ralenti. Mais nous étions toujours bloqués à l'intérieur».

    «J'ai compris que l'action de plusieurs membres de l'équipage pouvait être contestée», a répondu de son côté Guillaume Pepy. «J'ai entendu d'autres témoignages qui insistent sur le comportement rapide et exemplaire du conducteur, du régulateur», a ajouté le patron de la SNCF, soulignant que ces propos ne sont «pas forcément contradictoires». «La vérité de M. Anglade n'est peut-être pas la seule», a-t-il souligné. Une enquête interne à la SNCF, qui contrôle la compagnie Thalys, doit permettre de recueillir les témoignages des passagers et du personnel. «On ne sait pas encore tout ce qu'il s'est passé», a insisté Pepy qui affirme que «si jamais il y a eu des manquements individuels, l'enquête le dira et ses résultats seront connus».

    S'il égratine les agents présents dans la rame, Anglade ne manque pas de saluer l'attitude des deux soldats américains et veut «rendre hommage à leur courage héroîque». Il reste très critique à l'égard des agents SNCF : «Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable ! C'était, pour nous, inhumain. Les minutes paraissaient des heures. J'ai protégé de tout mon corps mes enfants, leur répétant en boucle que tout allait bien. Les passagers ne réalisaient pas que ça allait être le carnage. C'était calme et digne. Nous étions totalement à la merci des balles qui allaient nous déchirer les corps... Nous attendions la mort».

    Enfin, selon Anglade, «un jeune homme, Anthony Sadler, a accouru dans notre voiture, criant que le tireur était maîtrisé par des soldats américains en permission, que tout allait bien». L'acteur poursuit : «Il nous a rassurés, il cherchait des couvertures de survie et une trousse de secours pour les deux blessés graves. Il a tapé à la porte de la motrice, mais sans succès, une fois encore. Nous étions hors de danger. Ce (samedi) matin, je vais bien. J'ai eu cinq points de suture, mais le tendon n'est pas atteint. Nous sommes choqués, mais nous sommes en vie, et c'est l'essentiel. Nous étions au mauvais endroit, mais avec les bonnes personnes». Et Anglade conclut : «C'est un miracle. Nous avons eu une chance incroyable d'avoir ces soldats américains. Je veux rendre hommage à leur courage héroïque, et les remercier, sans eux, nous serions tous morts».

    Les agents ont bien alerté le conducteur, selon la directrice de Thalys

    En début d'après-midi, ce samedi, la directrice de Thalys, Agnès Ogier, a répondu à l'acteur français en affirmant que les agents de la rame où s'est produite l'attaque armée ont bien alerté le conducteur. Et que l'un d'eux s'est réfugié avec plusieurs passagers. «Un agent a senti une balle le frôler. Il est parti, avec cinq ou six voyageurs, se réfugier dans le "fourgon"». Cet espace en bout de rame, dans lequel peuvent être rangés des bagages, et qui s'ouvre avec une clé spéciale, a raconté la responsable de Thalys, après s'être entretenue avec les agents du train.

    «Ce train manager -nom donné au personnel naviguant chez Thalys- a tiré le signal d'alarme (...). Puis, lorsque le train s'est arrêté, il est sorti pour aller alerter la rame de tête et le conducteur», a-t-elle précisé. L'attaque s'est déroulée en queue de train, dans un Thalys qui comptait deux rames. Deux agents, sous contrat avec la SNCF ou son homologue belge la SNCB, sont présents à bord de chaque rame. Pendant ce temps, le second agent alertait également le conducteur, via le téléphone du train. Dans le règlement français, les agents doivent d'abord alerter, puis arrêter le train, a insisté la directrice de Thalys.

    Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, un voyageur français «voulant accéder aux toilettes de la voiture 12 s'est trouvé face à un individu porteur d'un fusil d'assaut kalachnikov en bandoulière. Il est intervenu en premier pour maîtriser l'agresseur" (...) il a tenté courageusement de le maîtriser avant que l'agresseur ne tire plusieurs coups de feu». C'est à ce moment là qu'interviennent «deux passagers américains» qui «sont parvenus à maîtriser le tireur, à l'immobiliser au sol et à écarter son armement».

    QUESTION DU JOUR. Faut-il instaurer des contrôles de sécurité sur tous les trains de grandes lignes ?

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