GuerreUn sommet pour l'Ukraine à Berlin, sans Poutine
Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko vont se retrouver pour la première fois depuis leur marathon de Minsk en février dernier.

Nouveau regain de violence dans l'est de l'Ukraine.
La chancelière allemande Angela Merkel accueille ce lundi 24 août à Berlin les présidents français et ukrainien, en l'absence notable de leur homologue russe Vladimir Poutine. Tous trois vont élaborer une stratégie après un nouveau regain de violence dans l'est rebelle de l'Ukraine.
Les trois dirigeants vont se retrouver pour la première fois depuis leur marathon de Minsk en février. Des négociations de 17 heures avaient alors abouti à la signature des accords de paix de Minsk 2 qui avaient instauré une trêve plus ou moins respectée.
Alors que Vladimir Poutine était présent à Minsk, cette fois, l'homme fort de la Russie n'a pas été convié pour le sommet de Berlin. L'Allemagne n'a fourni aucune explication officielle à ce sujet.
Paris assure qu'il s'agit seulement d'«une réponse très pragmatique» à la demande du président ukrainien. «Ce n'est pas une formation à trois destinée à organiser une quelconque bataille diplomatique contre la Russie», fait valoir une source diplomatique française.
Escalade de la violence
Un nouveau sommet «à quatre» avec la participation de M. Poutine, dans le format dit «de Normandie», devrait suivre prochainement, ajoute cette source qui minimise la gravité de la récente escalade de violence. «C'est plutôt une forme de test (...) Nous ne sommes pas à la veille d'une opération de grande ampleur», estime-t-elle.
Berlin semble en revanche plus préoccupé. «La situation est extrêmement dangereuse (...) Chaque tir intensifie l'escalade et rend la situation moins stable», a ainsi affirmé vendredi le porte-parole de la diplomatie allemande, Sebastian Fischer.
Nouvelles tensions
Kiev en revanche veut présenter l'absence du président russe comme un «signal très important» à Poutine. «La France et l'Allemagne sont dans le même bateau que nous» et «sont prêtes à communiquer sans lui», soutient une source diplomatique ukrainienne.
Le sommet de lundi intervient peu après une nouvelle montée de tension dans l'Est. Kiev et les séparatistes ont annoncé lundi dernier la mort de dix personnes, dont huit civils, tout en faisant état de bombardements très intenses.
Fête de l'indépendance
L'Ukraine redoute depuis des mois une offensive rebelle pour la fin de l'été ou le début de l'automne. Kiev s'attend à une «escalade d'envergure» autour de sa fête de l'Indépendance qui tombe justement lundi, ce qui a incité Petro Porochenko à envoyer à ses soldats des dizaines de véhicules militaires et pièces d'artillerie.
Au-delà, a estimé samedi le président ukrainien, «la menace militaire de l'Est restera encore pour des décennies. Elle ne disparaîtra pas prochainement».
Actuellement, Petro Porochenko fait pression pour une action coordonnée. Il rappelle que le processus de paix, concernant notamment le retrait des armes de la ligne du front, semble irrémédiablement bloqué.
Une impasse
Le récent regain de violences a été condamné par l'Union européenne et l'ONU. Kiev et les Etats-Unis mettent en cause la Russie, accusée de soutenir militairement les rebelles et d'avoir déployé ses troupes en Ukraine. Moscou, qui rejette toute implication militaire dans ce conflit, a pour sa part accusé les Ukrainiens de préparer une offensive contre les séparatistes.
Si la situation s'est relativement calmée depuis, aucun signe d'apaisement durable n'est cependant visible. «La Russie est dans une certaine impasse, tout comme nous et les Occidentaux», explique un haut responsable ukrainien du secteur de la sécurité sous couvert d'anonymat.
Conflit meurtrier
Dans ce contexte, Kiev cherche à élaborer un plan d'action avec ses alliés européens pour se préparer à une éventuelle dégradation sur le terrain, assure à l'AFP une source diplomatique ukrainienne haut placée.
«Il est évident que les Russes ne changent pas leur comportement malgré toute la pression» de l'Occident, précise cette source, évoquant les lourdes sanctions économiques imposées à Moscou l'an passé. «D'où la question: quelles sont les lignes rouges qu'ils doivent dépasser» pour que de nouvelles sanctions soient introduites, ajoute-t-elle.
Le conflit a tué 6800 personnes en seize mois. Parmi elles, 1500 ont perdu la vie depuis la signature des accords de Minsk.