Les heurts entre les migrants originaires de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan et les forces de police macédoniennes ont continué une bonne partie de la journée de samedi pour se calmer dans la soirée. Durant cette journée, les policiers macédoniens ont fait usage de matraques et ont tiré des grenades assourdissantes pour contenir le flux. Au moins quatre personnes ont été légèrement blessées.

“Les migrants ont enfoncé le cordon de police macédonien”, titre le quotidien serbe Politika. Ils ont pénétré en Macédoine en passant par un no man’s land à la frontière gréco-macédonienne et y sont restés bloqués à partir de jeudi. Au moment où la police a autorisé les groupes des migrants les plus vulnérables (les familles avec enfants) à se rendre sur le territoire macédonien (le territoire de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, ou Fyrom), un millier de migrants y sont entrés de force.

Etat d’urgence

Débordées par la vague migratoire, les autorités de Skopje ont renoncé samedi soir à empêcher les migrants de passer la frontière. Toutefois, le gouvernement de Skopje, qui a décrété jeudi l’état d’urgence en raison de la plus grande crise migratoire de son histoire, a souligné qu’“il laisserait passer un nombre limité de migrants, conformément à ses capacités d’accueil”.

“Par son égoïsme, l’UE est en train de créer à sa périphérie une zone tampon, de peur d’être submergée par les immigrés illégaux, par la terreur extrémiste et par une culture qu’elle croit difficilement adaptable aux valeurs européenne, s’indigne le quotidien de Belgrade. La plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale dévoile que les principes de la tolérance, de la liberté et des droits de l’homme ne valent que pour l’Europe. Celle-ci refuse de les appliquer aux migrants, exilés et réfugiés, les trois noms qu’on donne aux gens malheureux qui fuient les théâtres de guerre moyen-orientaux”, estime Politika. D’où le titre de son éditorial : “L’Europe protège ses frontières en oubliant les gens.”

Chaque jour, 2 000 migrants passent de la Grèce à la Macédoine. Au mois de juillet 2015, 40 000 d’entre eux ont traversé le territoire macédonien afin de poursuivre en direction de l’Occident, via la Serbie.