Nouailhac - Hollande, Docteur Jekyll et Mister Zigzag

En matière économique et fiscale, mais pas seulement, les zigzags sont incessants chez François Hollande : incompétence, indécision ou fuite en avant ?

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François Hollande en visite à Toulon, le 27 juillet.
François Hollande en visite à Toulon, le 27 juillet. © AFP

Temps de lecture : 5 min

Roi de la synthèse, il manipulait les hommes, les idées et les combinaisons, mais c'était avant, dans les coulisses du Parti socialiste, loin des responsabilités majeures. Il lui suffisait alors de lancer dans des meetings ou à l'Assemblée des phrases lourdes de sens pour initiés et d'écrire des motions alambiquées pour finir par obtenir, au bout de nuits de palabres, des synthèses encore plus compliquées que tout le monde finissait par signer parce qu'il le fallait bien.

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Comme tous les bons animateurs de comités et de congrès et les bons manipulateurs issus de la vieille école des trotskos intellos français, époque Lambert et Jospin, il avait bien compris qu'il fallait toujours caresser les gens dans le sens du poil et leur dire ce qu'ils avaient envie d'entendre, quitte à sortir ensuite dans leur dos une dague bien affûtée. C'était le bon temps, celui des arrangements entre éléphants germanopratins et zèbres de banlieue du plus grand parti de fonctionnaires de toute l'Europe depuis la chute du mur de Berlin.

François Hollande n'avait jamais exercé de responsabilités plus importantes que celles de président du conseil général de la Corrèze. Il s'y était fait remarquer par sa capacité à augmenter les dépenses, par exemple, voulant montrer sa modernitude, offrir un ordinateur à tous les collégiens du département aux frais de son conseil général devenu le plus endetté de France. Jusqu'au jour où, ayant judicieusement misé sur son propre avenir et grâce à une réussite inouïe, il a fini par toucher le gros lot trois fois de suite !

La première fois en bénéficiant d'un incroyable coup de braguette magique – oui, c'est trivial, mais c'est tellement vrai ! –, lorsque DSK s'est exclu lui-même de la primaire socialiste. La deuxième en remportant cette primaire parce qu'il était un homme neuf qui n'avait jamais servi, qu'il était le plus petit commun dénominateur et qu'il avait le moins d'ennemis. La troisième fois : le concurrent présidentiel, Nicolas Sarkozy, était tellement dévalué et discrédité que n'importe quel zèbre ou éléphant du PS avait toutes les chances de l'emporter. Ce fut lui.

Une « conjonction favorable des planètes »

Comment voulez-vous qu'un tel politicien, si malin, si gnangnan mais si chanceux, ne continue pas à croire en son étoile ? Passant même pour un devin, il avait annoncé que surviendrait une « conjonction favorable des planètes » et cela s'était réalisé : baisse historique des taux d'intérêt – nos emprunts pour payer nos dettes et nos dépenses nous coûtent moins cher –, effondrement du prix du pétrole avec comme bénéficiaires les ménages et les entreprises et un euro moins cher face aux autres monnaies pour favoriser nos exportations.

L'inexpérimenté et indécis François Hollande, après avoir dit tout et son contraire pendant trois ans, un jour zig, un jour zag, ayant bloqué toutes les réformes structurelles devenues pourtant évidentes et vitales, après avoir écrasé d'impôts et de charges les forces vives du pays tout en leur racontant des balivernes, après avoir favorisé ses électeurs fonctionnaires ou assimilés au-delà de ce qui est admissible, a essayé avant cet été 2015 d'endormir ses gauchistes, dont il allait avoir besoin pour se faire réélire, en leur jouant de la flûte, tel un charmeur de serpents.

De retour d'une semaine de vacances pendant laquelle il a dû y penser tous les matins en se rasant, il semble être arrivé à une conclusion en matière fiscale, déclarant le 19 août à la presse régionale pour ses éditions du 20 août que « si la croissance s'amplifie en 2016, nous poursuivrons ce mouvement [de baisse des impôts], car les Français doivent être les premiers bénéficiaires des résultats obtenus », mais ajoutant le lendemain, en visite dans l'Isère : « Il y aura des baisses d'impôts, quoi qu'il arrive, en 2016. » Il laisse d'abord entendre que peut-être ceci ou cela... et le lendemain il dit que c'est décidé ! Ce n'est pas du tout la même chose. Un jour zig, un jour zag. Du Hollande pur sucre !

Et d'abord, de quelle croissance parle-t-il ? Depuis son arrivée à l'Élysée, la seule croissance que nous connaissons est celle des dépenses publiques, du nombre de fonctionnaires et de celui des chômeurs, de la dette et des impôts. Ensuite, qui en seraient « les premiers bénéficiaires » ? Actuellement, la moitié des Français ne paient plus d'impôts sur le revenu. On peut sans doute exonérer encore de nouveaux contribuables tout en augmentant la bastonnade « des plus riches ». On peut surtout imaginer qu'un très mauvais coup se prépare, une augmentation générale des fonctionnaires qui seraient ainsi les fameux « bénéficiaires » de l'entourloupe. Leur point d'indice est bloqué depuis l'époque Sarkozy, mais cela ne les empêche pas de bénéficier d'autres ajustements, primes diverses, refonte de grilles et autres douceurs que Marylise Lebranchu leur distille comme une orfèvre.

Vers une augmentation de la TVA ou de la CSG ?

En plus, il reste deux armes lourdes à la disposition du président pour générer de nouvelles recettes destinées à cette « redistribution » dont rêvent les socialistes avant toutes les périodes électorales : la hausse de la TVA et la progressivité de la CSG. Dans les deux cas, des dizaines de milliards d'euros de rentrées potentielles. Les frondeurs du PS et les grandes gueules d'extrême gauche risquent de tousser sur la TVA – 1 point de plus rapporte pourtant 6,5 milliards environ –, mais, s'ils obtiennent la CSG progressive, ça pourrait marcher...

Rappelons que, les taux de la CSG étant fixes, comme ceux de la TVA, ils ne sont pas dépendants des revenus. C'était le cas, rappelons-le, des allocations familiales jusqu'à ce qu'elles soient divisées par deux depuis ce mois d'août 2015 pour les familles aisées, allant ainsi à l'encontre d'un principe fondamental depuis 1945, celui de l'universalité des allocations. Poussé par ses frondeurs, Hollande avait pris la décision de jeter ce « principe sacré » par-dessus bord pendant l'été dernier et il se pourrait bien qu'il vienne de prendre cet été la décision d'augmenter la TVA ou la CSG, ou les deux – 1 point de plus de CSG rapporte 11 milliards d'euros –, et surtout d'en instaurer la progressivité, une suite logique de sa manœuvre indigne sur les allocations familiales.

Au stade où il en est dans sa fuite en avant, il est bien capable de mettre à la poubelle tous les principes républicains. En matière économique, son indécision, ses fausses analyses, son manque de courage, de vision et de réalisme, en un mot son incompétence sont avérés : les chiffres du désastre français en témoignent. En matière fiscale, personne ne connaît les limites de monsieur Zigzag, mais les Français vont savoir bientôt jusqu'où il a décidé de pousser le bouchon de la démagogie et de la déloyauté républicaine dans le seul but de pouvoir se représenter en 2017.

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Commentaires (34)

  • antidote

    La dure loi des compétences nous le rappelle tous les jours face au acteurs de la réalité des faits et non pas des illusionnistes socialistes annonceurs sous hallucinogènes d'un lendemain toujours plus mensonger !

  • US-D-F

    Les maillons du filét de filtre semblent se ressérer de jour en jour, regles vestimentaires imposés, plus de "nouda veritas" ici, les consignes de plus en plus strictes !

  • US-D-F

    Encore une exellente idée que vous avez eu la - et oui, il est grand temps de rendre public un TAS de VERITES très génantes, de facon massive, répétitive, audible de partout.
    Par ailleur, l'attente angélique de l'approche de 2017 aussi, doit s'abréger. Pas possible autrement.