
Au moins un demi-million de manifestants de la communauté patidar, l’une des castes les plus riches de l’Etat du Gujarat (ouest de l’Inde), ont paralysé, mardi 25 août, la grande ville d’Ahmedabad pour réclamer l’accès aux quotas réservés aux classes inférieures.
Les Patidars – également appelés Patel – sont une caste de fermiers et de marchands qui représente quelque 12 % de la population du Gujarat. Ils affirment avoir des difficultés à obtenir des emplois ou des places à l’université en raison de la discrimination positive qui favorise les personnes de plus basse extraction, et réclament à leur tour de bénéficier de quotas en étant inscrits parmi les « autres castes arriérées ». Les autorités provinciales ont déjà rejeté la demande des patidars mais leur mobilisation a gagné en ampleur ces dernières semaines.
Défavorisés par rapport aux « intouchables » ?
« Les gens de la communauté patel ne trouvent pas d’emploi, même s’ils ont des diplômes », a déclaré le leader des manifestants, Hardik Patel, citant en exemple l’université, où « un étudiant d’une catégorie protégée avec des notes basses est admis, mais un patel ne l’est pas alors que ses notes sont meilleures ».
L’Inde réserve une proportion d’emplois publics et de places en université aux dalits (les « intouchables », non classés dans le système des castes) et aux basses castes, souvent marginalisées. Mais ce système de quotas crée une frustration au sein des autres castes qui n’en bénéficient pas, à l’instar des patidars, et qui réclament de pouvoir elles aussi profiter de ces privilèges. « Les quotas sont notre droit », a déclaré à l’AFP Kantibhai Patel, un manifestant coiffé d’une toque portant l’inscription « Je suis patidar ». « Nous l’obtiendrons par la force si nécessaire », a-t-il ajouté.
Violents incidents

Déployée en nombre, la police a rapporté plusieurs violents incidents durant le rassemblement monstre à la suite de l’arrestation d’Hardik Patel, 22 ans. Une centaine de bus ont été incendiés et des bâtiments endommagés dans ces violences à Ahmedabad, Surat et Mehsana ainsi qu’à Unjha et Visnagar, selon les autorités locales. Le leader des manifestants a par la suite été relâché sous caution.
Le gouvernement de l’Etat a imposé un couvre-feu dans plusieurs quartiers d’Ahmedabad, et dans quatre autre villes. Il s’agit du premier couvre-feu depuis les émeutes meurtrières de 2002, qui avaient fait au moins 1 000 morts, dans cet Etat, province de naissance du premier ministre indien actuel, le nationaliste hindou Narendra Modi, qui l’a dirigé de 2001 à 2014.
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