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François de Rugy : « Pour moi, EELV, c’est fini »

Le coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale estime, dans un entretien au « Monde », qu’Europe Ecologie-Les Verts « s’enlise dans un repli sectaire ».

Propos recueillis par 

Publié le 26 août 2015 à 21h45, modifié le 27 août 2015 à 17h47

Temps de Lecture 4 min.

François de Rugy à Blois le 26 août.

François de Rugy vient de mettre un point final à un nouvel ouvrage, Ecologie ou gauchisme, il faut choisir (L’Archipel, 128 p., 14,95 euros), mais aussi à près de vingt ans de militantisme chez les Verts puis à Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Une semaine après les menaces de son homologue du Sénat, Jean-Vincent Placé, de quitter EELV, le député de Loire-Atlantique et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale annonce au Monde qu’il s’affranchit de son parti et qu’il entend « fédérer les écologistes réformistes ».

Pourquoi quittez-vous aujourd’hui EELV ?

Je quitte Europe Ecologie-Les Verts car pour moi EELV, c’est fini. Le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit en 2008 est arrivé à son terme. Aujourd’hui, on n’arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d’un parti qui s’enfonce dans une dérive gauchiste. A reporter sans cesse le moment de la clarification, on s’enlise, au mieux dans une position illisible, au pire dans un repli sectaire. J’en tire les conclusions et je reprends ma liberté de parole et d’action.

Vous pensez rejoindre un autre parti ?

Je ne suis ni dans l’idée d’adhérer à une autre formation ni d’en créer une autre. Je veux fédérer les écologistes réformistes, ceux qui ne sont pas à EELV et ceux qui y sont encore. Dans les mois qui viennent, il y aura des recompositions et des choses nouvelles à inventer au-delà de la forme du parti traditionnel. Celle d’EELV est d’ailleurs l’une des plus usées.

Vous souhaitez rester au groupe à l’Assemblée nationale ? Quid de sa présidence ?

Je me suis beaucoup battu pour qu’il y ait un groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Je veux qu’il continue à exister, même au-delà de 2017. Je reste au groupe où il y a des élus EELV, d’autres qui ne le sont pas et d’autres qui peuvent être encartés ailleurs. Le groupe est en butte à une contestation interne depuis de longs mois. Avec Barbara Pompili (également coprésidente du groupe), nous ferons des propositions pour un nouveau fonctionnement dans les jours qui viennent. Quant à moi, je ne suis pas dans une logique de m’accrocher à des postes.

Ne craignez-vous pas de vous marginaliser ?

C’est EELV qui est en train de se marginaliser et à vitesse grand V. Nous étions sortis de la marginalité de façon spectaculaire grâce à Dany Cohn-Bendit en 2009 mais nous avons rechuté avec la présidentielle de 2012. Je vois les mêmes causes se mettre en place pour produire les mêmes effets non seulement aux régionales, mais aussi en 2017. Réciter le prêchi-prêcha des apparatchiks Verts et défendre des positions systématiquement protestataires, tout cela va achever d’éloigner les électeurs écologistes qui aimaient l’esprit d’ouverture de Dany.

Comment s’annoncent les régionales, selon vous, pour la gauche ?

Il est encore temps de tirer la sonnette d’alarme. Tout est en train de se mettre en place pour qu’il y ait un processus d’auto-élimination collectif de chaque composante de la majorité de 2012. Dans beaucoup de régions, il y a un Front national très fort qui est potentiellement en tête. En se divisant, la majorité de 2012 prend le risque d’être loin derrière la droite et l’extrême droite. Dans ce paysage, les écologistes qui croient pouvoir s’en tirer simplement par le retour aux « fondamentaux » risquent d’être la dernière roue du carrosse. Quant aux alliances avec le Front de gauche, c’est le pompon, dans la mesure où ce dernier est le courant politique français le plus centralisateur et jacobin, quand les écologistes sont décentralisateurs et régionalistes.

Qu’attendez-vous de la fin du quinquennat ?

Il ne reste que dix-huit mois et il ne faut pas se contenter d’attendre que la croissance revienne et que le chômage baisse tout seul. On doit avoir une feuille de route écologiste avec une priorité : celle de la mise en œuvre des conclusions de l’accord mondial sur le climat dont j’espère qu’il sera ambitieux. Cela nécessitera des mesures importantes sur la question des transports, de la pollution de l’air et de la santé environnementale. Ces mesures peuvent être prises d’ici à 2017 et faire partie du bilan qu’on présentera aux Français.

Que pensez-vous d’une candidature de Cécile Duflot en 2017 ?

Dans l’opinion, je ne vois pas de dynamique autour de cette candidature mais Cécile Duflot se prépare et EELV est déjà devenu une petite boutique présidentielle. Cette candidature se présente comme l’exact remake de celle de 2012, avec le résultat que l’on connaît. On ne sait d’ailleurs pas bien si ce serait une candidature de la gauche de la gauche ou une candidature rouge et verte.

La gauche semble complètement atomisée aujourd’hui. Comment y remédier ?

Le FN a une très forte dynamique électorale et la droite s’organise pour préparer l’alternance en 2017. Face à cela, la gauche et les écologistes resteraient les bras ballants ? Une primaire est incontournable. En 2011, cela avait permis d’avoir un débat avec différents candidats et différentes sensibilités, que ce débat soit tranché directement par les sympathisants de gauche et enfin de se rassembler. Si on ne veut pas subir le même processus d’auto-élimination que lors du 21 avril 2002, il faudra se rassembler. Je ne me résous pas à ce processus de division qui mènerait à un funeste choix entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au soir du premier tour de la présidentielle.

Quelle forme devrait prendre cette primaire ? Y seriez-vous candidat ?

Je m’y prépare et j’affirme cette volonté d’y représenter les écologistes réformistes. Je pense que le rassemblement se construit et s’anticipe. Certains disent qu’avec un président sortant, il n’est pas question d’une primaire. Mais François Hollande a dit lui-même que sa candidature n’allait pas de soi et qu’il la conditionnait à un certain nombre de résultats, qui ne sont pas là pour l’instant. S’il devait être candidat, on sait aussi que le rassemblement derrière lui ne va pas de soi. Il faut donc en créer les conditions.

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