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Les envolées lyriques et nationalistes de Vladimir Poutine sur le retour en force de la grande Russie, après ce « désastre historique » que fut la fin de l'empire soviétique, ne peuvent faire illusion qu'auprès de ceux de ses concitoyens que sa propagande abêtit. Pour les démographes et les économistes qui regardent froidement les chiffres et leur évolution, la Russie aura perdu mathématiquement son rang de grande puissance dans une trentaine d'années. Non seulement parce qu'en raison des sanctions internationales qui la frappent, du fait de sa politique aventuriste et hégémonique (Georgie, Crimée, Ukraine), son économie s'appauvrit un peu plus chaque jour. Mais surtout parce que sa population diminue à une allure record.
En une génération, la Russie devrait, sauf extraordinaire retournement de situation, avoir perdu la moitié de ses habitants. Les prévisions des démographes indiquent que la population russe pourrait chuter de 143,5 millions aujourd'hui à 80 millions vers 2050. Même si on ne fait guère de publicité à ces statistiques à Moscou, c'est un organisme russe officiel, l'Institut pour la démographie, les migrations et le développement régional qui vient de révéler ces chiffres.
Alcoolisme et baisse des naissances
La raison est double : la hausse constante de la mortalité due à l'alcoolisme et la diminution dramatique des naissances, provoquée, quoi qu'en dise le maître du Kremlin, par le manque de confiance des Russes dans l'avenir. L'augmentation de la mortalité est particulièrement spectaculaire cette année, où ce taux a augmenté de 5,2 % depuis janvier par rapport à 2014. Et il ne s'agit pas d'hécatombe parmi les personnes âgées pour on ne sait quel manque de soins ou difficulté à se procurer des médicaments. La population où le nombre de décès a le plus augmenté est celle des hommes de 30 à 45 ans.
« Dans 70 % des cas, reconnaît la ministre de la Santé, Veronika Skvortsova, les autopsies montrent une alcoolémie supérieure à la normale » pour les décès soudains d'hommes dans la force de l'âge. Une statistique qui s'appuie sur le fait que les situations d'ivresse, particulièrement lorsqu'elles sont répétées, entraînent une propension très importante au suicide.
Espérance de vie de 63 ans
Le résultat de cette dégradation est que l'espérance de vie en Russie est tombée à 63 ans. Elle est de ce fait plus basse que dans n'importe quel pays d'Europe. À peu près l'équivalent de ce qu'elle est au Rwanda. Et peut-être plus grave pour le renouvellement des générations, l'espérance de vie des femmes russes est supérieure de 12 ans à celle des hommes. Une différence de longévité dont l'exemple le plus proche est celui d'un pays dont la population mâle est depuis trois ans décimée par la guerre : la Syrie.
Il faut évidemment ne pas croire aveuglément aux projections statistiques, même lorsqu'elles viennent de spécialistes. Calculs de probabilité et modélisations amènent parfois à des excès de pessimisme dans les prévisions. Il ne faut pas non plus écarter une opération de communication du Kremlin, qui aurait pu faire fuiter ces informations en Occident avant de faire, en Russie, une grande campagne de propagande et de reprise en main sur le thème : "Il faut impérativement un sursaut dans la lutte contre l'alcoolisme, sinon notre chère Russie va devenir la risée des étrangers qui guettent avec délectation notre décrépitude."
Le seul problème, si c'est le cas, c'est que ce ne sera pas la première fois que Moscou lance une grande bataille contre ce fléau qu'est l'alcoolisme de sa population. Et que jusqu'à présent, cela n'a pas donné grand résultat.
Non seulement la Russie connait un grave problème sanitaire, mais son avenir économique est sombre : 1% de croissance en 2013, 0 en 2014 et -5% en 2015.
Les trois quarts des exportations sont du pétrole et du gaz, qui donnent la moitié des recettes de l'État. Et les prix ont été divisé par deux en un an.
Surtout, c'est une économie de pays sous-développé, sans grandes industries, sans technologie élaborée, et sans État de droit.
Un des champions mondiaux de la corruption.
La Russie n'est déjà plus que la dixième économie mondiale, et en 2050 elle tombera sans doute au vingtième rang.
Comment prétendre concurrencer les États-Unis, avec un tel retard ?
Enfin une réponse censée !.
Effectivement je répondais au message concernant le déploiement des f22 en Europe. Rassurez vous pour moi, tant qu'il y a des challenges et des missions intéressantes et pas trop mal payées, peu importe le régime.