Le PS tente de fuir les sujets économiques

Rien ne doit gâcher – espère-t-on rue de Solférino – la grand-messe de rentrée du PS. Le menu de l’université d’été du parti, qui s’ouvre ce vendredi à La Rochelle avec pour mot d’ordre « Agir en commun », en témoigne : la COP21, qui se tiendra en décembre à Paris, les élections régionales, « les fondamentaux de la République » et les traditionnels sujets de société. Beaucoup de thèmes mais un grand absent : la politique économique du gouvernement. Comme si le PS ne voulait pas étaler au grand jour les divergences de plus en plus profondes en son sein. Pourtant, ce débat est plus vivant que jamais. Dans les coulisses, il devrait être omniprésent…

En début de semaine, dans sa tribune aux « Echos », Manuel Valls a fermé la porte à toute évolution de sa politique économique. « Changer de ligne de conduite, c’est la certitude de tout perdre », a-t-il écrit, alors que les résultats ne sont pas encore là, même si les indicateurs positifs se multiplient. Un message destiné aux entreprises, avant l’université d’été du Medef. Mais aussi aux socialistes. Le texte du Premier ministre n’a d’ailleurs pas manqué de faire grincer des dents au sein de l’aile gauche du PS. Même si François Hollande avait fait un geste en promettant des baisses d’impôts « quoi qu’il arrive » en 2016.

« Le chemin choisi n’est pas le bon et la France continue à se fragiliser et à s’endetter pour rien. Nous maintenons que la réduction de la dette et des déficits exige un tournant de la relance et non la poursuite de la politique actuelle », a insisté la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann dans une lettre ouverte à Manuel Valls. « Le gouvernement s’assoit sur les résolutions du parti dont il tire sa légitimité », s’étrangle le député frondeur Pouria Amirshahi. En juillet, le parti avait en effet adopté un rapport, rédigé par le député Jean-Marc Germain, qui demande une « réorientation » du pacte de responsabilité vers les ménages, option écartée par l’exécutif.

Les frondeurs réunis à Marennes

Les frondeurs sont très loin d’avoir mis leurs revendications au placard. Pour preuve, avant d’aller à La Rochelle, ils se sont réunis entre eux, jeudi et vendredi à Marennes, toujours en Charente-Maritime. Martine Aubry, déjà absente du Congrès du PS à Poitiers début juin, a une fois de plus préféré la Braderie de Lille à l’université d’été du PS.

Le chef du gouvernement est attendu de pied ferme. L’an dernier, Manuel Valls avait d’abord été hué à La Rochelle, avant de réussir à retourner la salle. A l’époque, les militants étaient encore chamboulés par le limogeage d’Arnaud Montebourg, par son remplacement par Emmanuel Macron et par le « j’aime l’entreprise » scandé par le Premier ministre devant le Medef. Une fois encore, le ministre de l’Economie, bête noire des frondeurs, ne sera pas à l’université d’été du PS. Ce jeudi, il était toutefois l’invité d’honneur de la journée des réformateurs (aile droite du parti) dans la région bordelaise.

L’accent mis cette année sur la COP21 n’est pas non plus dénué d’arrière-pensées très politiques. La réussite de la conférence est un enjeu important pour François Hollande. Le chef de l’Etat veut rassembler la gauche pour aborder en meilleure posture la présidentielle de 2017. Avec une écologie politique au bord de l’éclatement (lire ci-dessous) et un Front de gauche dispersé, le PS a une belle carte à jouer. A condition de ne pas rater sa ­rentrée.