Comment l'Etat islamique pilote les attentats depuis la Syrie

Un homme tenant le drapeau de l'Etat islamique
Un homme tenant le drapeau de l'Etat islamique © AFP
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Didier François avec P.H. , modifié à
Les enquêteurs occidentaux ont acquis la certitude qu'il existe bien une cellule de l'Etat islamique dédiée à la formation des futurs terroristes.
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C'est la fin d'une énigme. Les services de renseignement ont découvert l'existence d'une cellule de l'organisation Etat islamique en Syrie. Son unique fonction : planifier des attentats en recrutant des apprentis terroristes et en leur fournissant la logistique nécessaire pour un passage à l'acte.

Lors des différents attentats, réussis ou déjoués en France comme à l'étranger, les enquêteurs découvraient des armes, de l'argent. Il existe donc bien des complicités. Mais jusque-là, à l'exception de quelques comparses, on ne trouvait jamais personne dans l'entourage direct du terroriste. Mais après un travail sur les environnements et sur les communications, l'existence de cette cellule bien rodée a été mise à jour.

Repérés à la frontière. Le mode opératoire est toujours le même. Les candidats au djihad arrivent en Turquie pour rejoindre la Syrie. Une fois sur la frontière, l'Etat islamique a déployé un filet d'indicateurs qui lui permet de repérer les volontaires, qui sont alors passés au filtre par la police interne de l'organisation. Ce service de sécurité intérieur, appelé le "service 11", sélectionne soigneusement les profils qui l'intéressent.

On ne sait pas très bien comment ils font leur choix, mais ces jeunes sont mis de côté et pris en charge par des cadres de l'organisation qui ont déjà fait leurs preuves dans l'horreur, comme le fameux Jihadi John, Mohamed Mwazi, l'assassin qui a égorgé James Foley et tous les otages occidentaux.

Formés à ne pas être repérés. Ils sont formés pendant deux ou trois semaines à utiliser des communications cryptées pour ne pas être repérés une fois revenus en France, en Grèce, en Belgique ou même au Liban. Il leur est interdit de prendre contact avec des islamistes connus pour ne pas attirer l'attention.

Ils n'en ont de toute manière pas besoin. On leur a donné des clés USB, sur lesquelles a été trouvée la recette de fabrication de bombes artisanales. Toutes les consignes leur sont transmises par messagerie cryptée en direct et en permanence. Les indications sont très précises : par exemple, on peut leur dire d'aller sur tel parking pour trouver une Mégane de telle couleur, dont la clé est cachée sur une roue. Dans le coffre, le jeune djihadiste pourra y trouver un sac d'armes et des gilets pare-balle. 

Les terroristes sont téléguidés à très grande distance. Bien loin du soi-disant "loup solitaire".