
Ni l’ambiance estivale des grandes villes du royaume, ni la campagne électorale pour les communales qui bat son plein en attendant le jour du vote, le 4 septembre, n’ont empêché l’affaire des deux journalistes français, interpellés jeudi à Paris, de s’imposer comme le sujet marquant de cette fin d’été. Sur les réseaux sociaux et dans les articles parus sur les sites d’information, très nombreux au Maroc, les réactions vont de la « réjouissance » à la « surprise » en passant par les appels à la « sérénité, en attendant de voir plus clair ».
Interpellés à Paris pour « tentative de chantage », Eric Laurent et Catherine Graciet sont soupçonnés d’avoir voulu extorquer de l’argent au roi en échange du renoncement à la publication d’un livre à charge sur le souverain. Relayée dès jeudi soir par les médias français, cette affaire a eu l’effet d’un coup de tonnerre au Maroc où les deux journalistes sont surtout connus pour avoir publié en 2012 Le Roi prédateur, un livre très critique sur Mohammed VI.
Les médias officiels critiquent « le journalisme en France »
Pour le site d’information arabophone Goud.ma, parmi les premiers à avoir diffusé l’information, cette « affaire est très étonnante ».
« Comment un journaliste expérimenté comme M. Laurent a-t-il pu tomber de manière aussi facile dans ce piège ? »
Les médias officiels quant à eux ont couvert massivement ce qu’on appelle désormais « l’affaire des journalistes ». Leur interpellation a fait la « une » des journaux télévisés du soir, malgré la campagne des élections communales commencée depuis seulement quelques jours. Des « experts » se sont relayés sur les plateaux des deux chaînes publiques pour dénoncer la « malhonnêteté » des deux journalistes, qualifiés de « prédateurs », et le « manque de respect de l’éthique journalistique dont ils font preuve chaque fois qu’ils écrivent sur le Maroc ».
Dans l’une de ses dépêches envoyée par son bureau de Paris, l’agence officielle MAP adopte un style à la fois lyrique et alarmiste :
« Le journalisme en France va mal. La pratique du noble métier dans le pays de Balzac, Zola et Camus est aujourd’hui en proie à toutes les dérives… [Cette] affaire est une insulte pour le métier. Un déshonneur pour les journalistes. Une infamie. »
Le Palais royal, lui, n’a pas encore officiellement réagi.
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