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Ces Allemands qui accueillent les réfugiés à bras ouverts

A Berlin, des volontaires viennent en aide aux migrants et les accompagnent dans leurs démarches administratives.

Par  (Berlin, correspondant)

Publié le 26 août 2015 à 20h27, modifié le 29 août 2015 à 13h07

Temps de Lecture 3 min.

Un volontaire donne des cours d'allemand aux réfugiés, le 3 août dans le quartier de Moabit, à Berlin.

Les attaques contre les réfugiés et les centres qui les abritent dominent, à juste titre, l’actualité allemande. Mais il y a une autre Allemagne. Celle des innombrables bénévoles qui, chaque jour, aident les réfugiés à affronter une ultime épreuve : la bureaucratie allemande.

A Berlin, dans le quartier populaire de Moabit, l’immense parc qui jouxte les bâtiments de la direction des affaires sanitaires et sociales de la ville s’est transformé en un véritable campement. Du linge sèche sur les haies. On y voit beaucoup d’hommes, des femmes, de très jeunes enfants. Les premiers essaient de ne pas trop s’éloigner du bureau d’accueil, au cas où un fonctionnaire appellerait – enfin – leur numéro ; les secondes s’occupent des plus petits.

A l’issue d’une attente de plusieurs jours, les réfugiés espèrent enfin obtenir le document et le billet de train qui leur permettra de rejoindre le centre d’hébergement provisoire où ils sont affectés, quelque part dans ce pays dont ils ne parlent pas la langue.

Heureusement, des bénévoles font office de traducteurs, proposent en permanence des boissons, de la nourriture et tentent de répartir les biens les plus précieux : des chaussures, des vieux téléphones portables et des poussettes.

Des centaines d’associations

En effet, quelques dizaines de mètres plus loin, une association, Moabit hilft ! (« Moabit aide ! »), a pris possession d’un autre bâtiment. Elle y reçoit les dons de la population et les distribue presque immédiatement. Chaque jour, son site Internet précise les besoins en temps réel. Mercredi 26 août, il s’agit de couvertures, de fruits, des voitures d’enfants et, « comme toujours », d’argent pour le taxi, de tickets de transports, de téléphones avec le câble de raccordement et de cartes SIM.

Dans le parc jouxtant la direction des affaires sanitaires et sociales de Berlin, le 31 juillet.

Des associations comme celle-là, il en existe des centaines à travers tout le pays. Pro-Asyl, une des structures les plus connues en Allemagne, se félicite, elle, d’avoir désormais 20 000 adhérents, grâce à l’arrivée de 2 000 nouveaux membres en sept mois. A Berlin, le Tagesspiegel raconte comment, dans le quartier de Köpenick, les mêmes habitants qui s’étaient opposés – en vain – à l’installation d’un foyer de réfugiés près de chez eux en 2014, ont désormais créé une association qui vient en aide à ces indésirables devenus leurs voisins.

Même la Saxe, bastion des néonazis, offre des exemples positifs. Samedi 22 août, le quotidien régional, la Sächsische Zeitung, rendait compte des violences contre le foyer de Heidenau commises la veille, mais consacrait aussi près d’une page à ces Allemands qui ont décidé d’accueillir un réfugié chez eux. Samedi, le quotidien allemand Bild, le plus lu dans le pays, a même pris part au débat, appelant les Allemands à leur « tendre la main ».

L’engagement, un acte politique

L’engagement des bénévoles a littéralement explosé ces dernières années (+ 70 %), ont confirmé au printemps des chercheurs de l’université Humboldt de Berlin et d’Oxford. Ceux-ci ont réalisé fin 2014 une étude auprès de 460 bénévoles et 70 organisations venant en aide aux réfugiés en Allemagne. Qui s’engage ? Essentiellement des femmes, plus diplômées que la moyenne, et des personnes issues de l’immigration. Très majoritairement, les personnes interrogées vivent leur engagement comme un acte politique et pas seulement humanitaire.

Un abri provisoire de réfugiés, dans le quartier de Mohabit, le 21 juillet.

Même les stars s’y mettent. Notamment l’acteur et réalisateur Til Schweiger. Célèbre pour son rôle du commissaire dans « Tatort », série policière-culte en Allemagne, Til Schweiger a annoncé qu’il créait une fondation pour ouvrir en Basse-Saxe un foyer de premier accueil qui se voudra exemplaire (avec connexions Internet et activités sportives offertes). Parmi les membres-fondateurs, Joachim Löw, l’entraîneur de la Mannschaft.

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Les réactions n’ont pas été que positives : non seulement l’acteur s’est fait copieusement insulter sur les réseaux sociaux, mais un individu s’est introduit dans sa propriété, dimanche 23 août, tentant de sectionner un câble d’alimentation électrique. Un acte « sans doute politique » selon la police. Même ultraminoritaire, l’extrême droite est rarement très loin.

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