Le Medef aussi a ses salariés détachés

Après le PS et ses salariés détachés roumains, le Medef a recours à des travailleurs portugais pour son université d'été. L'organisation patronale affirme respecter la loi.

Le Medef aussi a ses salariés détachés

    Et si universités d'été rimaient avec travailleurs détachés ? Après le Parti socialiste â?? dont un des prestataires a eu recours aux services de dix salariés roumains pour organiser sa grand-messe à La Rochelle ce week-end â?? c'est désormais au tour du Medef d'être rattrapé par la controverse. Selon nos informations, l'organisation patronale a employé une vingtaine de salariés... portugais pour monter les chapiteaux qui ont accueilli depuis jeudi les participants à son traditionnel raout de Jouy-en-Josas (Yvelines).

    Leur entreprise d'origine, la société portugaise Irmarfer, est le sous-traitant de l'agence Creative Spirit, le prestataire en charge de l'événementiel pour le Medef. « Notre filiale française Irmarfran-ce a négocié le contrat et a assuré le suivi des opérations sur place, mais ce sont des travailleurs portugais d'Irmarfer qui sont venus mettre en place les structures bâchées », confirme l'entreprise basée à Porto.

    Un contrat qui pourrait bien se chiffrer à 200 000 â?¬ selon nos estimations. Sur son site Internet, Irmarfer affiche fièrement ses réalisations multiples : de la tente plantée devant la tour Eiffel pour le Téléthon 2014 au plateau télé en extérieur à 1 Alpe-d'Huez. Mais aussi ses chapiteaux pour le compte du Medef en... 2014 déjà.

    Sur le papier, l'organisation patronale n'a rien fait d'illégal. Le détachement de travailleurs est autorisé par la réglementation européenne. A condition que le contrat respecte les règles du pays dans lequel le travailleur opère (conditions de travail et rémunération). Mais, les charges sociales, elles, restent celles du pays d'origine. Et les distorsions peuvent atteindre jusqu'à 20 % entre les différents pays européens.

    Pour le Medef, cette polémique tombe au plus mauvais moment. Non seulement Pierre Gattaz, son président, caresse l'ambition de créer « un million d'emplois » en France â?? il arbore même un pin's en lettre bleu sur fond jaune symbolisant ce souhait. Mais l'organisation est cette année pressé par le gouvernement de respecter ses engagements d'embauches dans le cadre du pacte de responsabilité.

    Pourtant, hier, le Medef restait droit dans ses bottes : « Dès lors que la libre concurrence est assurée, nous prenons la prestation la plus compétitive, qu'elle soit française ou étrangère. C'est normal. Pas de préférence nationale », rétorque un porte-parole de l'organisation patronale. En termes d'image, cette nouvelle polémique risque toutefois de faire tache...