Eric Laurent le 30 août 2006 à Jouy-en-Josas

Eric Laurent est un journaliste spécialiste dans les enquêtes sur le Maghreb et le Moyen-Orient.

afp.com/PIERRE VERDY

"Un traquenard" mais pas "de chantage". Voilà comment s'est défendu ce samedi Eric Laurent, l'un des deux journalistes accusés d'avoir voulu extorquer 3 millions d'euros au roi du Maroc contre la non-publication d'un livre à charge. Par la voix de son avocat, me William Bourdon, il concède avoir négocié avec Rabat mais affirme n'avoir émis aucune pression.

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"Éric Laurent reconnaît et assume, pour des raisons qui tiennent à un contexte personnel difficile, avoir consenti à rechercher un accord financier dans des conditions totalement étrangères à un chantage ou une extorsion de fonds", a déclaré son conseil, évoquant une "manipulation". "Rien dans le dossier n'établit [...] que l'un ou l'autre des journalistes aurait initié une discussion de nature financière et pas plus n'aurait exigé un paiement en contrepartie de la renonciation à publier le livre", a-t-il ajouté.

Eric Laurent a pourtant été mis en examen, dans la nuit de vendredi à samedi, comme sa consoeur Catherine Graciet, pour chantage et extorsion de fonds. Une lettre accablante récapitulant les termes de l'accord aurait été signée par les deux journalistes. Elle a été publiée par BFMTV.

>> Lire aussi: Une lettre accablante signée par les journalistes?

"Une tentative de manipulation de l'opinion"

L'avocat d'Eric Laurent dénonce également "l'opération de désinformation ahurissante menée depuis 48 heures par l'avocat de Rabat (me Eric Dupont-Moretti, NDLR) ", une "tentative de manipulation de l'opinion publique (qui) n'est que le prolongement d'une première manipulation, soit le traquenard ourdi par Me Naciri, émissaire du roi, pour piéger les journalistes". Le Maroc a en effet envoyé un représentant discuter avec les journalistes. Leurs rencontres ont été filmées et enregistrées. L'avocat de Rabat assure que tout a été fait en coopération avec la police et la justice française alors que le conseil de Catherine Graciet évoque "des enregistrements sauvages".

"Ce dossier apparaît aujourd'hui comme une opération politique de Rabat pour mettre en scène de façon opportuniste sa victimisation dans des conditions de complaisance qui ne laissent pas à poser question", poursuit me William Bourdon, pour qui "le zèle des agents français apparaît hors normes, illustré par la désignation de trois juges d'instruction, d'évidence hors de proportion avec les faits".

Selon le conseil, "on a voulu aussi diaboliser, discréditer les seuls journalistes qui aujourd'hui dénoncent les dérives de la monarchie chérifienne et dont l'enquête est de nature à révéler de lourds secrets", poursuit-il. "Un non-lieu sera demandé en temps et en heure et rapidement des actes de nature à établir les conditions dans lesquelles a été conçu, élaboré et avec quels appuis ce coup monté", a conclu l'avocat.

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