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Politique

Sarkozy-Juppé, Hollande-Valls : la duperie des sondages

Une majorité de Français ne souhaitent pas un affrontement Hollande, Sarkozy et Le Pen, à la prochaine présidentielle. Mais ces sondages révèlent surtout les guerres internes de la gauche et de la droite.
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Sarkozy Hollande
Nicolas Sarkozy et François Hollande en mai 2012.
LIONEL BONAVENTURE / AFP POOL / AFP

D'étude d'opinion en sondages, d'un institut à l'autre, une constante politique semble se dégager : une large majorité de Français, qu'ils se rattachent ou non à un courant partisan, ne souhaitent pas que la prochaine élection présidentielle, en 2017, se réduise à un remake de la précédente, en 2012, soit un affrontement majeur à trois postulants, François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen :

  • C'est ce qui explique le trou noir sondagier (et sans retour ?) du président de la République. Si l'on se contentait de se fier aux pourcentages à répétition, les électeurs de gauche n'espèrent plus en François Hollande. Leur désaffection est telle que, à moins de vingt quatre mois des échéances, ils l'éliminent systématiquement du second tour de la présidentielle.
  • C'est évidemment ce qui explique la considérable percée sondagière de Manuel Valls - 45% des SYMPATHISANTS, donc des ÉLECTEURS socialistes souhaitent que le chef du gouvernement se substitue à François Hollande en 2017 ! - ainsi que la popularité persistante d'Emmanuel Macron - plus l'aile gauche du PS hurle à la "dérive droitière" (ce qui d'ailleurs n'est pas fondé), plus le ministre de l'Economie gagne en popularité parmi les électeurs socialistes. Chercher - et trouver - l'erreur stratégique...

Une gauche incapable de définir une ligne de conduite

Face à cette série, impressionnante il faut en convenir, de sondages en berne et décrépitude, l'entourage de François Hollande se rassure... comme il peut. D'abord, il insiste sur la loyauté sans faille ni anicroche de Valls ; ensuite, il fait remarquer, non sans une dose de cynisme et de fatalisme, qu'une disparition de Hollande provoquerait sans nul doute celle de la gauche toute entière, Valls inclus. Ce n'est d'ailleurs pas infondé.

La gauche de pouvoir est plus incapable que jamais de définir une ligne de conduite et de s'y tenir. Des divisions et des failles politico-idéologiques qui ne se résorbent pas, au contraire. Des perspectives électorales, régionales puis présidentielle, aujourd'hui apocalyptiques... La droite républicaine devrait être en mesure de se réjouir. Et pourtant...

A gauche, le trou noir.

A droite, l'heure de la décantation. En apparence, moins difficile.

Une fois encore, il faut observer les sondages avec une grande attention et ne pas s'égarer dans la lecture qu'il est nécessaire d'en faire. Ainsi dans la dernière livraison Ifop-Journal du Dimanche, Alain Juppé devance-t-il assez nettement Nicolas Sarkozy (cinq points d'avance, 40 contre 35) parmi les sympathisants de la droite et du centre. Persistance du phénomène Juppé ; confirmation que le come-back Sarkozy reste aléatoire, que la radicalisation droitière de l'ex président ne lui est pas forcément favorable. Ces remarques sont fondées ; elles sont pourtant incomplètes, à la limite dangereuses. Car, en effet, un autre chiffre, un élément perturbateur, n'a pas manqué de retenir l'attention conjointe d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy.

Une primaire la plus "sarkoisée" possible

Celui-ci : 52% des sympathisants LR (Les Républicains) plébiscitent Sarkozy, le maire de Bordeaux étant ramené à un "petit" 30%.

Or, LR - parti "sarkoïsé", au service de son chef - sera en charge d'organiser la primaire de la droite et du centre ; or, les militants LR, donc pour la plupart dans l'adulation de Sarkozy, formeront les bataillons lourds d'une campagne interne à la droite qui, à coup sûr, sera violente car c'est la nature de Sarkozy, d'autant plus agressive que Juppé, Le Maire, Fillon ou Bertrand ont déjà fait savoir qu'ils ne se laisseraient pas cogner sans aussitôt répliquer. Ça promet...

La leçon tactique de ces chiffres en apparence contradictoires est pourtant évidente : Nicolas Sarkozy a besoin d'une primaire la plus restreinte, la plus militante, la plus droitière, la plus LR possible ; à l'inverse, Juppé a le besoin impérieux d'une primaire d'ouverture rassemblant des millions de Français exigeant l'alternance droite-gauche, mais qui entendent se débarrasser en même temps de la conception hystérique de la politique qu'impulse et impose Nicolas Sarkozy.

Le "meilleur d'entre nous" (dixit Jacques Chirac) saura-t-il faire ? Sarkozy explique avec gracieuseté que Juppé est un "septuagénaire de gauche". Les journaux qui, en douce, en contrebande, conduise déjà la campagne du président de LR, affirme non sans précipitation que Juppé, le jour venu, s'effondrera à son tour, comme ses prédécesseurs, Raymond Barre et Édouard Balladur. Peut-être... A voir...

Les guerres (internes) des gauches et des droites n'en sont qu'à leurs prémices.

Les batailles finales restent à venir, au rythme effréné des sondages incessants.

 

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