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Valls lance le délicat chantier de la réforme du droit du travail

Le Premier ministre a rassuré les patrons sur la constance de sa politiqueMais il marche sur des oeufs pour ce sujet de controverse à gauche

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Les migrants qui « fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis » en France, a déclaré Manuel Valls

Par Grégoire Poussielgue

Publié le 30 août 2015 à 12:31

Offensive prudente. A l’Université d’été du parti socialiste (PS), qui s’est close dimanche à La Rochelle, Manuel Valls avançait en terrain miné pour vendre la poursuite des réformes économiques, dont il entend faire sa marque de fabrique jusqu’à la fin du quinquennat. L’année dernière, son « j’aime l’entreprise » prononcé quelques jours auparavant devant le Medef avait suscité des remous parmi les militants, également échaudés par l’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie. Cette année, le même Emmanuel Macron a donné des sueurs froides au premier ministre. Ses propos sur la durée du temps de travail l’ont obligé à remettre les pendules à l’heure deux fois en trois jours. « Il n’est pas question de revenir sur la durée légale du temps de travail. Ce débat est clos », a-t-il répété devant les militants lors de son discours de clôture de l’université d’été. La polémique lancée par le Ministre de l’Economie, vécue comme une provocation par les militants du PS, a constitué un couac dont l’exécutif se serait bien passé pour cette rentrée. Un grain de sable alors que le gouvernement sonne la mobilisation générale de la gauche dans la perspective des élections régionales de décembre, qui s’annoncent difficiles.

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Pourtant, Manuel Valls fait bien du droit du travail son principal chantier de réforme économique d’ici 2017. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le passé, c’est l’avenir et notre agenda pour écrire le contrat social du 21e siècle », a-t-il déclaré dimanche. Le processus a été enclenché et le gouvernement attend plusieurs rapports dans les jours et semaines à venir (voir ci-contre) pour en dévoiler plus. Pour le premier ministre, le plus important est de ne pas prêter le flanc à ceux qui craignent une déréglementation trop forte qui nuirait aux droits des salariés. Mais il doit aussi rassurer les patrons sur la constance de sa politique de réforme, après la première étape constituée par la loi Macron qui vient d’entrer en vigueur. « La simplification du droit du travail doit se faire à droit constant. La réforme peut être gagnante pour les patrons et pour les salariés », estime un député.

Devant les militants socialistes, le premier ministre s’est donc livré à un exercice d’équilibriste. Il s’en est plutôt bien tiré. Sur le fond, la polémique Macron a aussi permis au premier ministre de rassembler le camp socialiste derrière lui, à la notable exception des frondeurs qui n’ont de cesse de dénoncer « la dérive libérale du gouvernement » et qui ont séché son discours. « J’ai suivi à distance respectueuse », déclare leur chef de file Christian Paul, qui déplore le manque de dialogue de la part du premier ministre.

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« Emmanuel Macron a rendu involontairement service à Manuel Valls », ne peut que constater un député proche de l’exécutif. Manuel Valls gardien du temple socialiste contre Emmanuel Macron le libéral, décidément bien trop à droite pour une assemblée socialiste. Ainsi, quand Manuel Valls déclare qu’il « faut donner plus de latitude aux employeurs, aux salariés et à leurs représentants pour décider eux-mêmes de leur politique de formation, d’organisation du travail, d’insertion des jeunes par des négociations au plus près de leurs besoins », la salle applaudit. Mais elle passe aussi aux sifflements quand le premier ministre évoque la « complexité » du code du travail… Si les socialistes sont prêts à entendre le discours sur la réforme, ils ont aussi leurs lignes rouges, les 35 heures en tête. Manuel Valls s’est contenté de rester sur le plan politique et n’a pas esquissé les modalités techniques, même dans leurs grandes lignes, de sa réforme à venir. Dans ce contexte, le choix du futur ministre du travail sera scruté avec soin. C’est sur ses épaules que reposera la responsabilité de ce délicat chantier.

Grégoire Poussielgue

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