L’autoproclamé État islamique affirme frapper désormais sa propre monnaie — dont des pièces d’or — dans la dernière vidéo de propagande, diffusée ce samedi par l’organisation terroriste.
Intitulée « The Rise of the Khilafah and the Return of the Gold Dinar » (« L’essor du Califat et le Retour du Dinar Or »), la vidéo explique que la monnaie de l’EI sera composée de pièces d’or, d’argent et de cuivre. Le narrateur, qui s’exprime en anglais, estime que l’or est « la seule mesure de la richesse qui vaille ».
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Dans la vidéo, qui dure près d’une heure, la voix off explique que la nouvelle monnaie doit permettre de renforcer le califat autoproclamé de l’organisation terroriste, mais aussi nuire à l’économie américaine. La nouvelle monnaie va, selon le narrateur, porter un « second coup », après le 11 Septembre, aux États-Unis et son « système financier capitaliste d’asservissement ».
Le narrateur estime que le marché des obligations américain est lié aux ventes de pétrole — un système qui serait le « talon d’Achille » de l’économie américaine selon lui. « Une fois touché, cela marquera la mort de ce billet vert oppresseur et mettra l’Amérique, ce symbole d’injustice et de tyrannie, à genoux. »
Les nouvelles pièces de l’EI seront composées de précieux métaux « qu’Allah avait choisis pour mesurer les richesses ». Le narrateur explique que la devise de l’EI « va déferler dans la sphère financière » et va mettre en pièces « le fourbe billet vert ».
À la fin de la vidéo, un combattant de l’EI semble présenter les nouvelles pièces aux personnes qui résident dans les zones contrôlées par l’EI. Le montage mêle la Réserve fédérale américaine, George W. Bush, l’attaque contre les Tours jumelles du 11 Septembre, Oussama Ben Laden, Abou Bakr Al-Baghdadi et des djihadistes de l’EI qui traversent le désert sur des chevaux en portant des drapeaux noirs qui flottent au vent.
Le groupe terroriste avait déjà indiqué en novembre dernier qu’il comptait éditer sa propre devise, pour échapper au « système économique mondial satanique qui repose sur l’usure. »
Des experts avaient expliqué que si l’EI voulait créer un État fonctionnel, l’organisation terroriste allait devoir faire plus que conquérir de nouveaux territoires, et proposer de véritables services. Anthony Cordesman, le responsable des questions de stratégie au Center for Strategic and International Studies, nous disait en novembre dernier que l’EI avait déjà pris des mesures pour remanier les systèmes éducatifs et judiciaires dans les territoires que l’organisation occupe.
« Quelqu’un doit être en charge de cet argent et doit le gérer d’une manière très sophistiquée, » expliquait Cordesman. « Ils remanient les systèmes scolaires avec des nouveaux livres, une certaine purification islamique ou encore en imposant des restrictions aux femmes. Ils sont aussi en train de conduire une sorte de purge locale du système judiciaire — ils se sont emparés de nombre d’éléments de l’État de droit. »
Des experts en finance estiment qu’il est très peu probable que la monnaie de l’EI se développe au niveau international.
« C’est comme des diamants de guerre [blood diamonds], » explique David Phillips, un ancien conseiller des Nations Unies, aujourd’hui à l’Institute for the Study of Human Rights de l’université de Columbia. Il expliquait au New-York Times, l’année passée, « Aucune institution financière crédible ne va accepter ça. »
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Colleen Curry et Payton Cuion ont participé à la rédaction de cet article.
Images via État islamique / Al Hayat
Regardez le documentaire de VICE News L’État islamique