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Baby-sitting ou bricolage, les réseaux sociaux de voisins tissent leur toile

A mi-chemin entre Facebook et Le Bon Coin, des réseaux sociaux de proximité se développent en France.

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Publié le 03 juillet 2015 à 19h43, modifié le 01 septembre 2015 à 12h27

Temps de Lecture 4 min.

La mission du week-end : fixer (enfin) le meuble de salle de bains achetĂ© six mois plus tĂ´t. Et dĂ©goter une perceuse, quelque part dans les Ă©tages de la rĂ©sidence. TimiditĂ© ? Pudeur ? Ou simple paresse ? Frapper chez le voisin qu’on croise tous les jours est devenu plus compliquĂ© que de chatter avec un inconnu au bout du monde.

Plusieurs start-up ont donc développé des réseaux sociaux de proximité, sorte de mélange entre Facebook et Le Bon Coin, à l’échelle d’une copropriété ou d’un pâté de maisons. Des sites qui permettent d’échanger avec ses voisins des services, des bons plans, de poster des petites annonces, de s’informer sur les associations locales…

Ma-residence.fr, Monptivoisinage.com, Peuplade.fr ou encore l’application Freemo : la plupart de ses plates-formes s’inspirent du site amĂ©ricain Nextdoor.com, qui fĂ©dère 53 000 communautĂ©s de voisinage aux Etats-Unis. « Pour faire le premier pas, les gens ont besoin d’un prĂ©texte, d’un briseur de glace, assure GrĂ©goire Even, directeur de Peuplade.fr, une offre actuellement testĂ©e sur Paris, Marseille et Grenoble. Le rĂ©seau social remplit ce rĂ´le. Â»

“On peut profiter des avantages de la proximité sans en avoir les inconvénients.” Charles Berdugo, fondateur de Ma-residence.fr

En vingt ans, Marie-Line n’avait pas pris le temps de connaĂ®tre, au-delĂ  de ses voisins les plus proches, les habitants de son lotissement malouin. Le site Mon P’ti Voisinage, dĂ©couvert par hasard en surfant sur la Toile, lui a servi d’intermĂ©diaire. « En partageant des informations, des liens se crĂ©ent tout doucement Â», explique la quinquagĂ©naire, qui a rĂ©ussi, en un an, Ă  attirer une petite communautĂ© d’une vingtaine de foyers. PrĂŞt d’outils de jardinage, diffusion d’informations sur les travaux de voirie, offre de covoiturages et mĂŞme achat groupĂ© de bois de chauffage et de fioul cet hiver, les habitants ont rĂ©ussi, selon Marie-Line, Ă  amorcer « une entraide de proximitĂ© somme toute classique, mais qui n’existait pas avant Â».

Le numĂ©rique permettrait de gĂ©rer Ă  la carte les relations de voisinage. Tout en prĂ©servant la sacro-sainte intimitĂ©. « C’est un outil qui n’oblige pas l’autre Ă  ouvrir sa porte ou Ă  dĂ©crocher son tĂ©lĂ©phone. On peut profiter des avantages de la proximitĂ© sans en avoir les inconvĂ©nients Â», s’enthousiasme Charles Berdugo, prĂ©sident et fondateur de Ma-residence.fr, le pionnier français sur ce crĂ©neau. Poster un message sur le rĂ©seau permet aussi de bĂ©nĂ©ficier d’une audience qui va au-delĂ  des voisins avec lesquels vous avez sympathisĂ©. « Celui qui va vous aider Ă  trouver votre baby-sitter n’est pas nĂ©cessairement celui avec qui vous avez envie de boire un apĂ©ro Â», rĂ©sume M. Berdugo.

PrĂ©sent Ă  Marseille, Evry, Longjumeau (Essonne) et dans une dizaine de villes moyennes, son site revendique 100 000 utilisateurs dans 26 000 immeubles. Les particuliers, inscrits gratuitement sous leurs vrais noms, y Ă©changent des informations avant tout pratique.

“Ce n’est pas comme sur Facebook, on n’y poste que des informations qui ont un lien avec la vie de la résidence. On ne s’inonde pas de messages.” Thibault Lux, copropriétaire à Gennevilliers

Les sujets enfants (Ă©cole, baby-sitting, activitĂ©s pĂ©riscolaires…) et dĂ©pannage (prĂŞt d’outils, recherche d’artisans, conseils bricolage et informatique) ont la cote. Car c’est d’abord pour se simplifier le quotidien que l’on rĂ©seaute entre voisins. L’amitiĂ© suit ou non. « Ce n’est pas comme sur Facebook, on n’y poste que des informations qui ont un lien avec la vie de la rĂ©sidence. On ne s’inonde pas de messages et on reste dans le relativement sĂ©rieux Â», tĂ©moigne Thibault Lux, 31 ans, copropriĂ©taire Ă  Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

Membre du conseil syndical, le jeune homme a impulsĂ© l’utilisation du site Ma-rĂ©sidence.fr dans son immeuble tout neuf oĂą personne ne se connaissait il y a un an. Aujourd’hui, la moitiĂ© des appartements comptent au moins un inscrit. Au fil des mois et des atomes crochus, certains messages n’apparaissent plus. « Pour la garde de mon chat, poursuit Thibault, je vais voir directement la personne qui m’a dĂ©jĂ  rendu ce service par trois fois. Â»

PortĂ©s par la vague d’économie collaborative, ces micro-espaces auraient un vrai avenir. « Il y a seulement cinq ans, les usagers n’étaient pas mĂ»rs pour ce type de rĂ©seau, explique Christine BalaguĂ©, responsable de la chaire rĂ©seaux sociaux Ă  l’Institut Mines-TĂ©lĂ©com. Aujourd’hui, les internautes sont habituĂ©s Ă  interagir entre eux et Ă  partager des services avec des inconnus qui habitent loin de chez eux. Si on leur propose des outils très ergonomiques et avec des contenus pertinents, par exemple pouvoir dĂ©clarer une fuite d’eau dans leur immeuble, gĂ©olocaliser les places de parking dans leur quartier ou grouper une livraison avec leurs voisins… ils y viendront. Â»

Une pratique courante aux Etats-Unis

Dans le secteur, certains, comme André May, président fondateur de la société Freemo, ont choisi de lancer leur réseau social uniquement sur portable. Son application actuellement expérimentée à Limoges sera étendue à la France entière à l’automne. Il espère ainsi attirer plus facilement une masse critique d’utilisateurs, condition indispensable pour que la proximité ne tourne pas à vide.

Dans sa grande copropriĂ©tĂ© parisienne de 250 logements, VĂ©ronique a rĂ©ussi, en un an, Ă  convaincre soixante-quatre habitants de l’utilitĂ© d’un rĂ©seau d’entraide et d’information. Mais la partie n’est pas gagnĂ©e pour autant. « Il faut du temps pour que le pli prenne. Les gens lisent les messages, mais il y a encore assez peu d’interaction entre habitants Â», reconnaĂ®t la quadragĂ©naire. Il a fallu aussi recadrer ceux qui ont confondu le site avec un bureau des plaintes, pour protester contre telle ou telle nuisance sonore.

De l’autre cĂ´tĂ© de l’Atlantique, Ă  raison de 5 millions de messages Ă©changĂ©s chaque jour, Nextdoor fait un carton. Plus d’un quartier amĂ©ricain sur quatre utiliserait cette application. Mais le succès a ses revers. A trop ĂŞtre informĂ©s sur ce qui se passe dans la rue d’à-cĂ´tĂ©, notamment les cambriolages et dĂ©lits divers, les habitants auraient dĂ©veloppĂ© une certaine paranoĂŻa. La peur aussi peut fĂ©dĂ©rer les voisins.

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