Accéder au contenu principal
SYRIE

Le combat d’une ville syrienne pour faire sa rentrée des classes

Privés d'école l'année dernière, les enfants de Saraqeb, en Syrie, ont eu droit à des cours de rattrapage cet été.
Privés d'école l'année dernière, les enfants de Saraqeb, en Syrie, ont eu droit à des cours de rattrapage cet été.
Publicité

Alors que la rentrée scolaire en Syrie approche à grands pas, la rentrée des écoliers de la ville de Saraqeb, contrôlée par l’opposition, semble compromise. Bombardées par le régime syrien depuis plusieurs mois, la majorité des écoles de cette ville ont été réduites en cendres, tandis que beaucoup d’enseignants ont fui vers des zones plus sûres. Ce sont des activistes locaux qui tentent aujourd’hui de faire vivre les écoles. Témoignage.

La ville de Saraqeb est située dans la province d’Idlib (au nord-est de la Syrie). La province est contrôlée depuis mars 2015 par Jaych al-Fath (Armée de la Conquête), une coalition de groupes armés dont fait notamment partie le groupe Ahrar al-Cham et le mouvement jihadiste Jabhat al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.

Les quelque 40 000 habitants de Saraqeb sont aujourd’hui administrés par un conseil local constitué de civils et rattaché à la Coalition nationale syrienne.

"L’année scolaire n’a pas commencé qu’elle est déjà menacée"

Ahmed Alnehad fait partie d’un comité de jeunes volontaires qui ont organisé cet été des cours de rattrapage au profit des enfants du primaire à Saraqeb.

Les enfants de Saraqeb ont été privés de cours pendant plusieurs mois l’année dernière, en raison des bombardements qui s'abattent sur la ville. On a alors décidé de faire appel à des volontaires pour offrir des cours de rattrapage aux enfants pendant les deux mois de vacances.

On a d’abord réhabilité deux écoles pour pouvoir les accueillir, tandis qu’une troisième est en travaux. Pour rendre ces établissements de nouveau fonctionnels, on a fait appel aux pompiers, aux agents de nettoyages, plombiers, qui ont gentiment accepté de nous aider.

Des volontaires nettoient un établissement scolaire à Saraqeb. Source.  

On a aussi lancé un appel sur les réseaux sociaux pour recruter des enseignants volontaires. Et ça a été un succès, car plus de cinquante enseignants ont accepté d’animer gratuitement ces cours. Les deux écoles ont ouvert leurs portes début juillet pour les sessions de rattrapage qui se sont poursuivies jusqu’à fin août. On a pu accueillir 1700 élèves.

L'une des salles de classe de Saraqeb qui a accueilli des centaines d'élèves du primaire pour des cours de rattrapage durant les vacances d'été. Source.

Durant cette session, les élèves ont pu suivre des cours dans toutes les matières, les maths, l’anglais, l’arabe, etc. Ils ont également bénéficié d’un programme d’aide psychologique pour les aider à surmonter les traumatismes de la guerre, notamment à travers des cours de dessin.

À la fin de cette session, les élèves les plus méritants ont reçu des certificats indiquant qu’ils étaient aptes à passer au niveau supérieur. Pour les encourager, on leur a offert des cartables, des trousses et autres articles scolaires. Ces cours nous ont quand même laissé un goût amer car, faute de moyens, on n’a pas pu accueillir tous les écoliers de Saraqeb, qui représentent environ 7500 enfants.

"Dans les écoles bombardées, il manque des portes, des fenêtres, des sanitaires"

Mais le pire c’est que la prochaine rentrée scolaire, qui doit avoir lieu dans une semaine, est déjà menacée car il n’y a pas assez d’établissements, ni d’enseignants pour les accueillir.

À Saraqeb, six écoles ont été entièrement détruites par les frappes de l’aviation au cours des derniers mois. Seize autres établissements ont été partiellement détruits. Il manque des portes, des fenêtres, des sanitaires, donc impossible d’y accueillir des élèves.

Des élèves de Saraqeb exhibant leur diplôme à l'issue d'une session de rattarapage. Source.

Même pendant la session de rattrapage, deux écoles ont été bombardées par l’aviation dans les villages proches de Chabour et Zerdana.

La Coalition nationale a promis de financer la restauration de deux écoles. À une semaine de la rentrée, nous attendons toujours les fonds.

Image postée sur Facebook.

L’autre problème qu’on n’arrive pas à régler est celui du manque d’enseignants. Les bénévoles qui se sont portés volontaires pendant les vacances scolaires ne peuvent pas continuer à enseigner toute l’année, car ils doivent subvenir aux besoins de leur famille. Ces derniers mois en fait, beaucoup d’entre eux ont quitté Saraqeb. Certains ont fui vers la Turquie voisine, d’autres sont partis vivre dans des zones contrôlées par le régime. Parmi les enseignants qui sont restés à Saraqeb, beaucoup ont cessé de se rendre à l’école alors qu’ils continuent de percevoir leur salaire du gouvernement syrien à la fin de chaque mois. Leur attitude est honteuse, mais on n'a aucun moyen pour les obliger à retourner à l’école.

Je pense qu’on ne pourra pas ouvrir les écoles avant au moins un mois, et encore, pas plus de deux ou trois, alors que je rappelle que l’éducation est un droit fondamental.

À l'issue des cours de rattarapage, les écoliers ont eu droit à un cours de chant. Source.

Le nombre d’enfants syriens privés d’école à cause du conflit s’élève 2,6 millions, indique Caritas International. "En Syrie, où une école sur cinq est hors d’usage, ils sont plus de 2 millions à être exclus du système éducatif. Dans les pays voisins, où un réfugié syrien sur deux est un enfant, 600.000 d’entre eux n’ont pas accès à l’éducation", souligne encore l’ONG.

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.