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Après le Club Med, Fram est convoité par un géant chinois du tourisme

Les actionnaires de Fram doivent donner leur réponse dans les jours prochains.

HNA a déposé une offre «ferme» de rachat du voyagiste toulousain en difficulté. Chaînes hôtelières, aéroports, agences de voyage... Les rachats ou alliances par des investisseurs chinois des fleurons du tourisme en Europe, et surtout en France, s'accélèrent ces derniers mois.

L'appétit de la Chine pour le tourisme est sans limite. En particulier pour le tourisme tricolore. Après le rachat du Club Med par le groupe Fosun en début d'année, c'est au tour de Fram d'être dans le viseur d'un mastodonte chinois. Le conglomérat HNA, qui est notamment présent dans le transport aérien, en étant par exemple l'un des actionnaires d'Aigle Azur, a déposé une offre «ferme» de rachat du voyagiste toulousain en difficulté. Il s'est associé à un partenaire minoritaire français. «Fram annonce avoir reçu hier une offre ferme 'in bonis' (c'est-à-dire sans passer par une procédure collective, NDLR) de la part de HNA et de Selectour-Afat portant sur la cession des titres du groupe», indique Fram ce mardi dans un communiqué. Aucun montant n'est communiqué concernant l'offre de HNA, mais selon plusieurs sources proches du dossier, citées par l'AFP, elle pourrait s'élever à quelque 40 millions d'euros, et Selectour Afat prendrait dans le cadre de cette transaction 10% de Fram. Ses actionnaires doivent donner leur réponse dans les jours prochains.

Fram rappelle également qu'une autre offre a été déposée par le groupe français Karavel-Promovacances, spécialisé dans la vente de séjours sur Internet, mais qui ne souhaiterait reprendre le groupe Fram qu'après son dépôt de bilan. Fram, dont le capital est encore détenu à quelque 80% par les deux branches de la famille fondatrice, et à près de 9% par Air France - emploie 560 salariés et compte une cinquantaine d'agences.

Hôtels, aéroports, agences de voyage... les manoeuvres des Chinois autour des industriels du tourisme en France et en Europe se multiplient depuis quelques mois. À l'instar du rachat du groupe Louvre Hotel Group (Campanile, Kyriad ou Première Classe) par le groupe Jin Jiang International en mars dernier, pour un montant de 1,3 milliard d'euros, qui a accentué l'offensive chinoise sur l'hôtellerie française. Dans le même esprit, en juin 2014, le fonds hongkongais Kai Yuan Holdings avait annoncé le rachat de l'hôtel de la chaîne de luxe américaine Marriott sur les Champs-Elysées, pour 344,5 millions d'euros. Et plus récemment, le groupe Accor a scellé un partenariat stratégique avec Huazhu en Chine. Le même mois, Pierre & Vacances s'alliait avec Beijing Capital Land. Enfin, la vente de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à un consortium chinois a été finalisée. D'autres pays, comme l'Italie ou le Royaume-Uni, s'attirent les faveurs des grands groupes chinois. Fosun s'est récemment offert 5% du capital du géant britannique Thomas Cook.

«Le gisement de touristes chinois est gigantesque et les acteurs internationaux n'ont pas toujours une offre adaptée aux besoins de ces nouveaux voyageurs», souligne Michel Fouquin, conseiller au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). L'an dernier, quelque 107 millions de Chinois ont effectué un voyage touristique à l'étranger. Ils ont dépensé plus de 146 milliards d'euros, quatre fois plus qu'en 2008. «Les investisseurs chinois ont identifié un marché au fort potentiel de développement: améliorer l'accueil des Chinois à l'étranger.» Selon l'expert, «les groupes chinois viennent chercher en France un savoir-faire. Il est cohérent qu'ils s'intéressent aussi bien aux hôtels qu'aux aéroports ou aux voyagistes qui commercialisent le produit final. Ils cherchent à contrôler toute la filière.»

Faire de «bonnes affaires»

Avant tout, nuance Jean-François Di Meglio, le président d'Asia Centre, les groupes chinois cherchent à faire de «bonnes affaires». «Il y a des parts de marché à récupérer dans une industrie où le client chinois va être important. Les investisseurs sont donc opportunistes. Ils rachètent quand ils peuvent racheter. Leurs cibles sont souvent des groupes qui ne vont pas bien. Faute de mieux, ils se contentent d'une part minoritaire ou d'un partenariat avec un grand groupe. Leur idée est de saisir des opportunités.»

Cet «effet d'aubaine» est accentué par le contexte économique dans l'Empire du Milieu. «Les inquiétudes liées au ralentissement économique chinois ont accéléré les sorties de capitaux du pays», explique Michel Fouquin. «Les entreprises chinoises investissent davantage à l'international afin de diversifier leur activité et leur implantation géographique, pour mieux répartir les risques.»

Selon Philippe Le Corre, chercheur associé à l'IRIS, spécialisé sur le monde chinois et l'Asie du Sud-Est, «la concurrence est vive entre les grands pays européens, qui ne sont pas la destination première des capitaux chinois, pour attirer ces investissements en provenance de la Chine». La France a donc une carte à jouer en soignant son offre touristique et en chouchoutant les touristes chinois. Le ministre des Affaires étrangères - et du Tourisme - Laurent Fabius l'a bien compris, par exemple en instaurant l'an dernier la mesure de délivrance accélérée des visas à destination de la clientèle chinoise («visa en 48h»), qui a été un vrai succès (+61% de visas délivrés aux Chinois en 2014). Pour comprendre le parcours des voyageurs et leurs difficultés, il est allé jusqu'à accueillir lui-même les touristes à l'aéroport de Roissy.

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23 commentaires
  • attentive

    le

    NON JE N'ecrirerai rien tant que vous n'aurez pas remplacé le nom de mon mari par mon pseudo... ATTENTIVE ....

  • cyprien MAYNARD

    le

    Comme par hasard, lorsque l'actionnaire est chinois ou arabe, l'entreprise se redresse !

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