Benoîte Groult: “Dans 50 ans, les femmes ne porteront plus les enfants pendant 9 mois”

Benoîte Groult a trente-huit ans lorsqu’elle et sa soeur Flora publient Journal à quatre mains en 1958. Les deux femmes, que quatre ans séparent, travaillent l’une en face de l’autre, assises à une même table où elles se lisent à voix haute l’écriture en train de se faire.

Alors qu’aucune n’a rien publié seule encore, José Pivin, dans un interview en 1962, les interroge sur la suite. Toutes deux jugent naturel de privilégier des héroïnes, objets plus familiers d’exploration littéraire. Mais Benoîte Groult se distingue aussi par son voeu d’écrire plus largement sur le féminin, et notamment l’évolution du rôle de la femme. Le producteur semble interpellé :

“Mais cette évolution de la femme... vous ne voulez quand même pas en faire une espèce de thèse... développée ? ”

Justement si. Benoîte Groult, qui publiera Ainsi soit-elle en 1975, mais aussi beaucoup plus tard, une biographie d’Olympe de Gouges (en 2013), revendique en 1958 de creuser ce sillon jusqu’à se passionner pour la révolution biologique, parthénogénèse comprise.

Vous pouvez également retrouver l’émission intégrale dont est issu cet extrait. Vous y entendez notamment les soeurs Groult expliquer combien il leur est concrètement difficile de trouver le temps de l’écriture dans leurs vies de femmes, vies de mères. Elles sont alors dans l’élaboration du Feminin pluriel, qui paraîtra trois ans plus tard.

Cet entretien a été diffusé dans le programme "Tous les plaisirs sont dans la matinée" par la RTF le 29 septembre 1962.

Chloé Leprince, avec l'appui documentaire d'Annelise Signoret. Visuel extrait d'Ainsi soit Benoîte , biographie dessinée de Catel Muller, parue en octobre 2013 chez Grasset.

Tous les jours, du lundi au vendredi, retrouvez la collection Mémoires vives, qui fait revivre les archives sonores sur franceculture.fr. Cette semaine, une série consacrée aux femmes artistes avec Annette Messager ; Germaine Richier et Dora Maar ; Benoîte et Flora Groult ; Barbara et enfin, Marlene Dietrich.