Mort de Denis Roche, le poète qui trouvait la poésie "inadmissible"
Par bibliobs
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Denis Roche (1937-2015), ici en 1978. ©ANDERSEN ULF/SIPA
Auteur d'une trentaine de livres, il avait fondé au Seuil la célèbre collection "Fiction et Cie".
Le poète et photographe Denis Roche, fondateur de la collection «Fiction & Cie» au Seuil et auteur d’une trentaine de livres, est mort mercredi 2 septembre à Paris, à l’âge de 77 ans, d’après une information de son éditeur.
Né à Paris en novembre 1937, il est directeur littéraire aux éditions Tchou de 1964 à 1970 et participe au comité directeur de la revue «Tel quel» dans les années 1960. En 1971, il entre aux éditions du Seuil et y fonde, en 1974, la collection de littérature contemporaine «Fiction & Cie». Dans son communiqué, sa maison d’édition affirme qu’il en a fait «un des plus beaux lieux d’accueil de la littérature contemporaine française et étrangère mais aussi d’essais singuliers et toujours marquants». Roche avait passé la main à Bernard Comment à la tête de cette collection en 2004. «Fiction & Cie» a publié des auteurs comme Pynchon, Guyotat, Sontag, Derrida, Rolin (Olivier) et, plus récemment, Antoine Volodine, Chloé Delaume ou Tiphaine Samoyault.
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Dans le «Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes», il écrivait:
La position de Denis Roche est assurément assez difficile à préciser dans le paysage littéraire de son temps. (…) Il ne se reconnaît certainement pas comme "poète". L’une de ses formules de l’époque (titre d’une série de poèmes) ne disait-elle pas: "La poésie est inadmissible, et d’ailleurs elle n’existe pas"?
En 1980, il a publié Dépôts de savoir et de technique», le livre auquel il «attach[ait] le plus d’importance» et qu’il définissait comme «une série très curieuse de textes, impossible à identifier comme genre, textes écrits selon une méthode très rigoureuse». Dans «Notre antéfixe» et «la Disparition des lucioles», il se trouvait un thème de prédilection : la photographie. Il écrivait dessus, et la pratiquait. Il a co-fondé en 1980 avec Gilles Mora, Bernard Plossu et Claude Nori les «Cahiers de la photographie». En 1997, il recevait le grand prix de photographie de la Ville de Paris. Il a été par ailleurs membre du jury du prix Médicis jusqu’en 2013.
Il aura été un écrivain assez secret, «jamais impatient de répondre aux injonctions de l’actualité». Il fut néanmoins l'un des signataires de la pétition contre la loi Debré qui proposait de ficher les étrangers entrant et sortant de France. Il avait aussi fait un petit coup d'éclat lors d'une émission de Bernard Pivot: il avait quitté le plateau de «Bouillon de culture» parce qu'il refusait de se retrouver face à Bruno Gollnisch.
BibliObs avec AFP