Billet de blog 3 septembre 2015

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Ils meurent en Europe et nous détournons notre regard

« Combien faudra-t-il de drames, combien devrons-nous compter de vies perdues pour réagir enfin » ? Trente-cinq députés socialistes exhortent la France et l'Europe à « se mobiliser pour protéger les réfugiés » présents en Europe.

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« Combien faudra-t-il de drames, combien devrons-nous compter de vies perdues pour réagir enfin » ? Trente-cinq députés socialistes exhortent la France et l'Europe à « se mobiliser pour protéger les réfugiés » présents en Europe.


« Combien faudra-t-il de drames ? Combien devrons-nous compter de vies perdues pour réagir enfin ? Quand passerons-nous de l’émotion légitime et nécessaire à une véritable action ?

Depuis des mois, depuis des années maintenant, les garde-côtes italiens et grecs n’ont plus les moyens de secourir les migrants qui perdent leur vie au milieu des deux rives de la Méditerranée. Sur tout le continent européen, les drames humains se multiplient. Il y a quelques jours encore, en Autriche, ce sont 71 corps sans vie qui ont été retrouvés entassés au fond d'un camion. Depuis le début de l'année, il n' y a pas eu une semaine sans qu'une embarcation de fortune ne fasse naufrage en mer Méditerranée.

Plus que jamais, il y a une urgence impérieuse à venir en aide à ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui tentent, au péril de leur vie, de fuir les conflits armés, les persécutions et la misère.

Depuis la gestion désastreuse du conflit en Libye, les trafics d’êtres humains, les trafics de migrants y sont devenus un commerce florissant. Nous le savons, aujourd’hui, la majorité des personnes qui tente de rejoindre l’Europe a fui la Syrie, l’Irak, l’Afrique subsaharienne, l’Erythrée ou la Somalie, en partant des côtes libyennes, quand d’autres rejoignent la Grèce depuis les côtes turques.

En Italie, les ports de Lampedusa, Trapani, Messine, de Sicile, de Calabre ou des Pouilles, doivent faire face à une augmentation significative de l’arrivée de réfugiés. D’après les données fournies par le ministère italien de l’intérieur, 170 000 migrants sont arrivés en Italie par la mer en 2014, et d’après les estimations de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 3 200 personnes ont perdu la vie pendant la traversée maritime. Le ministre de l'Intérieur allemand annonce, quant à lui, le chiffre record de 800 000 demandeurs d'asile cette année pour son pays, quatre fois plus que l'an dernier.

Les organisations humanitaires internationales sont mobilisées. Les personnels de l’OIM, du Haut-Commissariat aux Réfugiés, de la Croix-Rouge italienne, de Save the Children viennent en aide aux rescapés de ces traversées de la mort.

Face à cette tragédie, elles lancent un cri d'alarme et exhortent l'Europe à se mobiliser pour protéger les réfugiés.

L’Europe compte plus d’un demi-milliard d’habitants. Ainsi, quand bien même elle accueillerait un million de réfugiés, cela représenterait 0,2 % de sa population totale. Faut-il rappeler que le Liban accueille plus de 1,2 millions de réfugiés ?

Il ne s’agit pas de nier l’ampleur de nos difficultés, de nier la désespérance sociale, le niveau du chômage en Europe, mais simplement de rappeler combien notre situation reste privilégiée dans le monde. Cela nous oblige et il est urgent d’agir parce que nous en avons les moyens.

Au niveau européen, il y a urgence à venir en aide à ces populations en danger et à combattre les trafiquants de mort qui exploitent la misère humaine.

Il y a urgence à soutenir l’Italie et la Grèce qui font face seules à l’arrivée de migrants en prévoyant une répartition et un accueil solidaire au sein de l’Union Européenne. Les politiques d'accueil ne sont pas à la mesure de ces déplacements massifs de population, tant du point de vue des ressources matérielles que des moyens humains. L'Europe, la France, doivent sans attendre mettre en œuvre des politiques plus fortes pour protéger ces réfugiés et renforcer, face à l'ampleur de ces phénomènes migratoires durables, leurs capacités d'accueil.

Il y a urgence à se doter d’une politique migratoire commune et d’un droit d’asile européen pour relever les défis auxquels l’Europe est confrontée. Il y a urgence à établir une véritable imposition sur les transactions financières pour financer les politiques de coopération Nord-Sud.

Il y a urgence enfin à redonner du sens aux valeurs portées par l'Union Européenne, par ses citoyens et à cesser de détourner notre regard.

Signataires : 

Chaynesse KHIROUNI, Pouria AMIRSHAHI, Christian ASSAF, Alexis BACHELAY, Philippe BAUMEL, Erwann BINET, Kheira BOUZIANE, Gwenegan BUI, Isabelle BRUNEAU, Colette CAPDEVIELLE, Fanélie CARREY-CONTE, Marie-Anne CHAPDELAINE, Philip CORDERY, Pascale CROZON, Yves DANIEL, Sandrine DOUCET, Anne-Lise DUFOUR-TONINI, Laurence DUMONT, Olivier DUSSOPT, Jean-Marc GERMAIN, Hervé FERON, Daniel GOLDBERG, Chantal GUITTET, Catherine LEMORTON, Arnaud LEROY, Audrey LINKENHELD, Philippe MARTIN, Sandrine MAZETIER, Christian PAUL, Elisabeth POCHON, Dominique POTIER, Barbara ROMAGNAN, Denys ROBILIARD, Suzanne TALLARD, Cécile UNTERMAIER, député-e-s socialistes.

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