C’est le plus grand procès pénal depuis la réunification allemande. Une femme et quatre hommes sont accusés d’avoir fondé ou soutenu le groupe d’extrême droite Clandestinité nationale-socialiste (NSU), tué 10 personnes, commis deux attentats à la bombe et 15 braquages – ces crimes ont été commis entre l’an 2000 et 2007. Les terroristes sont devant le juge depuis le 6 mai 2013. Quelque soixante et onze jours d’audience sont résumés ce 3 janvier dans le magazine de la Süddeutsche Zeitung.

“Procès de la NSU : compte rendu de la première année”, titre le magazine de Munich. Ses journalistes font partie des rares médias à avoir été admis dans le tribunal. A partir de leurs notes quotidiennes, ils reproduisent les échanges originaux entre le juge, les avocats et les 600 témoins et experts participant au procès, ainsi que les réactions dans la salle d’audience.

“Au travers de ces voix naît une vue d’ensemble de dix ans de terreur, l’interminable douleur des victimes, le procédé glacial des accusés, le dilettantisme des enquêteurs et la difficile quête de vérité qui, pourtant, semblait si évidente.”

Tout au long du procès, le compte-rendu des témoignages révèle la vie quotidienne d’une cellule dont le pays a appris l’existence en novembre 2011. On y apprend que le noyau dur de la NSU – Beate Zschäpe, Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos – vivait comme une famille normale pendant treize ans ; que B. Zschäpe avait deux chats ; que le groupe rangeait soigneusement dans leur cave les vélos avec lesquels ils se rendaient aussi bien en vacances que sur les lieux des attentats.

On y découvre aussi l’ambiance du tribunal. Au jour 3 du procès, un des avocats de B. Zschäpe, la seule survivante du trio, est devenu la risée de l’auditoire parce qu’il a quitté la salle furieux de ne pas avoir réussi à obtenir la parole.

Au jour 8, un des accusés, complice présumé du groupe, a fondu en larmes après avoir prétendu ne pas avoir su que ses camarades tuaient des “étrangers”.

En plus du texte, le journal a coproduit avec l’académie du film du Bade-Wurtemberg une adaptation de ces protocoles dans lesquels des acteurs incarnent les différents acteurs du tribunal.

“Procédure pénale contre Beate Zschäpe et autres pour soupçon d’appartenance à une association terroriste” reprendra le 8 janvier 2014 au tribunal de Munich. D’ores et déjà, 118 autres dates de procédure sont prévues, la dernière étant à ce jour fixée au 18 décembre 2014.