Désormais encadrés, les loyers parisiens pourraient baisser de 9 %

 

Boulevard Voltaire (XIe), 1er août. Selon une étude du site d’informations immobilières Home’n’go, 49 % des logements parisiens dépassent les plafonds d’encadrement et sont donc susceptibles d’être revus à la baisse.
Boulevard Voltaire (XIe), 1er août. Selon une étude du site d’informations immobilières Home’n’go, 49 % des logements parisiens dépassent les plafonds d’encadrement et sont donc susceptibles d’être revus à la baisse. (LP/Delphine Goldsztejn.)

    Un mois après le lancement de son expérimentation à Paris, le 1er août, difficile de dire si l'encadrement des loyers parisiens â?? qui ont augmenté de 50 % en une décennie â?? produira les effets escomptés. En attendant, les calculettes chauffent. Le site d'informations immobilières Home'n'Go, vient de publier une étude pour évaluer la baisse attendue des loyers dans les 80 quartiers de Paris. Voici les résultats que nous présentons en avant-première.

    49 % des logements concernés. La start-up parisienne s'est basée sur les loyers de référence établis par l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (Olpa) dans les 80 quartiers de Paris en les croisant avec 220 000 annonces (de professionnels et de particuliers) publiées entre juillet 2014 et juillet 2015. Il en ressort que 49 % des logements dépassent les plafonds d'encadrement (au-delà de 20 % des loyers de référence). Un chiffre proche des 46 % calculés par le site MeilleursAgents il y a quelques jours. Plus surprenant, 3 % des logements sont loués à des prix plus de 20 % inférieurs aux loyers de référence et, selon la loi, devront être réévalués. En moyenne, les loyers de la capitale sont de 22 % supérieurs aux loyers de référence.

    Des baisses variables selon les quartiers. « En considérant la part de logements en dehors des clous (voir infographie), la baisse possible des loyers parisiens pourrait être en moyennede 9 % » assure Adrien Pavillet, cofondateur d'Home'n'go. Sans surprise, les locataires des petites surfaces en seraient les premiers bénéficiaires avec une décrue de 15 % pour les studios. Mais la baisse serait de seulement 6 % pour les 3 ou 4 pièces. Même fluctuation en fonction des quartiers. Ainsi la baisse attendue excéderait 14 % dans les très chics secteurs Halles (Ier), Champs-Elysées (VIIIe), Jardin-des-Plantes (Ve) et aussi, plus étonnant, dans le quartier périphérique Gare (sud du XIIIe). En revanche, elle ne dépasserait pas 6 % à Grenelle (XVe), Javel (XVe) Maison-Blanche (XIIIe), Belleville (XIe), Ecole Militaire (VIIe) ou Chaussée d'Antin (IXe).

    Encore beaucoup d'inconnues. Prudents, les auteurs de l'étude concèdent volontiers que « cette baisse théorique devra se confronter aux réalités du marché, à la bonne volonté des propriétaires, et au flou de la rédaction du décret ». En raison de la grande taille des quartiers, les chiffres gomment notamment les différences des biens d'une rue à l'autre voire au sein d'un même immeuble (état général, exposition, présence d'un ascenseur ou d'un balconâ?¦). Sans compter que le propriétaire est en droit de demander un complément de loyer, si le logement présente des caractéristiques « exceptionnelles ».

    Vice-président de la Fnaim du Grand Paris et agent immobilier dans le XVIIe, Pierre-Antoine Menez se montre pour le moins sceptique. « L'encadrement est un coup de com' et on essaye de faire du buzz autour, dénonce le professionnel. Tous ces chiffres sont des extrapolations et ne correspondent pas à la réalité ». Home'n'go promet une nouvelle étude en décembre pour voir si les baisses attendues se confirment.

    Propriétaires et professionnels ont déposé deux recours

    «Irréaliste et inapplicable». Vent debout contre l'encadrement des loyers à Paris, la Chambre nationale des propriétaires vient d'annoncer avoir déposé deux recours pour en empêcher l'application. Le 10 août, elle a contesté le décret devant le Conseil d'Etat sur deux points. Concernant la sectorisation, l'association considère que «le découpage en 80 quartiers n'a aucun sens puisqu'il ne prend pas en compte tous les types de biens». Quant au complément de loyer exceptionnel, il est «si peu clairement défini qu'il y aura très peu de cas éligible». En juillet, dans un recours commun avec les professionnels de l'immobilier, la chambre avait déjà contesté auprès du tribunal administratif de Paris l'arrêté fixant les loyers de référence.