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CGT : les secrets de Lepaon

L’ex-secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon veut la "transparence" sur ceux qui l’ont poussé à la démission. Il se raconte dans un livre.

Nicolas Prissette , Mis à jour le
Thierry Lepaon jeudi à Paris.
Thierry Lepaon jeudi à Paris. © Eric Dessons/JDD

Il récuse toute "vengeance", il assure vouloir "oublier ces gens". Mais Thierry Lepaon, ancien numéro un de la CGT , souhaite que son syndicat écarte les "traîtres", ceux qui l'ont poussé au départ en livrant des documents internes à la presse. "Oui, ils devront rendre des comptes. Qu'ils ne puissent plus avoir de responsabilités importantes dans l'organisation", ­explique-t-il au JDD. Et d'enjoindre à son successeur, Philippe Martinez, d'agir : "La direction confédérale a promis la transparence sur les questions financières et sur les affaires. Il faut qu'elle prenne ses responsabilités."

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Lepaon a été poussé à la démission en janvier après les révélations des devis de travaux dans son appartement de fonction (plus de 100.000 euros), dans son bureau (62.000 euros), et le montant de son indemnité de départ de la fédération de Basse-Normandie (30.000 euros). Il publie cette semaine un livre* où il raconte comment il a vécu trois mois de tourmente à la tête de la centrale, fin 2014, faisant aussi le récit de sa vie de militant et responsable syndical*.

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"Ils savent que je sais. J'en connais sept sur neuf"

L'ancien soudeur et salarié de Moulinex refuse de donner les noms des opposants qui ont mené campagne contre lui. Tout juste concède-t-il qu'il n'y a aucune femme parmi eux. "Quand je les croise, je garde mes mains dans les poches, je ne veux pas les saluer. Ils savent que je sais. J'en connais sept sur neuf, grince-t-il. Je suis persuadé que ça se saura. Ils m'ont fait du mal mais ils ont surtout fait du mal à la CGT." Dans son livre, il réclame : "Qu'ils en paient maintenant le prix."

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Mais, insiste-t-il, c'est à la centrale de Montreuil de s'en occuper, pas à lui. Il ne portera pas plainte en justice non plus, ce qu'il avait laissé entendre en janvier auprès du comité confédéral national du syndicat. Selon lui, les motivations étaient "politiques". "Si leur intention avait été de préserver l'argent de la CGT, ils auraient fait autrement."

Sera-t-il suivi? Pas sûr. En avril, le nouveau secrétaire général, ­Philippe Martinez , a certes dédouané son prédécesseur. Mais, en août, il expliquait devant les dirigeants de la CGT, un brin agacé, qu'il ne se livrerait à aucune chasse aux sorcières.

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"J'ai découvert le montant des travaux à la une du Canard enchaîné"

Thierry Lepaon assure qu'il n'a jamais vu passer aucun devis, ni aucune facture. "J'ai découvert le montant des travaux à la une du Canard enchaîné. Quand on est secrétaire général de la CGT, on n'a pas le temps de s'occuper de cela. Jamais on ne m'a dit 'voilà, Thierry, combien ça va coûter.'" Il souhaite que la nouvelle direction du syndicat "examine la nature des travaux" et dise "si on a payé un prix excessif". Ce qu'il ne pense pas. "C'est en train d'être fait, je crois."

Le syndicaliste bénéficie toujours de ce fameux trois-pièces à Vincennes , en location, avec vue sur le bois, et d'une voiture de fonction. Il assure avoir refusé d'autres logements plus onéreux dans Paris. "Je rendrai tout quand j'aurai trouvé de nouvelles activités, cela a été entendu avec la direction de la CGT", répète-t-il. Il souhaite trouver une mission dans la lutte contre l'illettrisme.

Dans son autobiographie, Lepaon­ s'en prend aussi, longuement, à la presse et au pouvoir. Il accuse Manuel Valls d'avoir jeté de l'huile sur le feu au cours d'une interview qu'il considère téléguidée. L'ancien leader s'interroge ainsi, à mots couverts, sur une volonté de peser sur la centrale. En fin de semaine, Thierry ­Lepaon se rendra à la Fête de L'Humanité. "C'est un lieu de rencontres, c'est bien de pouvoir discuter du livre avec ceux que ça intéresse." Il dit ne pas craindre les tensions que sa visite pourrait susciter. 

* La Vie continue, Le Cherche Midi, 192 p., 15 euros.

Source: JDD papier

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