Publicité
Chronique

Avant la Fureur

ECH22019044_1.jpg

Par Thierry Gandillot

Publié le 9 sept. 2015 à 01:01

Lorsque commence « Life », James Byron Dean n'est pas encore la star qu'il sera quelques mois plus tard, sans même parler du mythe qu'il deviendra après sa mort au volant d'une Porsche Spyder, sur une route de Californie. C'était le 30 septembre 1955. Il avait tout juste vingt-quatre ans. Le jeune homme a certes tourné « A l'Est d'Eden » mais le film, qui lui vaudra une nomination posthume aux Oscars, n'est pas encore sorti. Certains critiques détestent son jeu, d'autres l'adorent. Parmi ces derniers, Elia Kazan, qui vient de tourner « Sur les quais ». Il a repéré l'acteur sur les planches de Broadway, où il joue dans « L'Immoraliste » d'André Gide. Pour le rôle de Cal Trask, le personnage de Steinbeck, Kazan ne voit personne d'autre que Dean. Jack Warner (génial Ben Kingsley), qui sait les risques qu'il encourt avec cet acteur pour le moins imprévisible, met le paquet pour lancer son poulain. Mais celui n'en fait qu'à sa tête et préfère s'enfermer dans une chambre à New York à regarder le plafond en grattouillant son ukulélé; ou filer sans prévenir personne dans la famille de son oncle à Marion (Indiana).

Une autre personne croit en James Dean : le photographe Dennis Stock, de l'agence Magnum. Stock est à peine plus âgé que son modèle, vingt-six ans, et il n'a pas du tout l'intention de continuer à gagner sa vie en jouant les paparazzis à Hollywood. Son patron, qui trouve idiot de sacrifier sa carrière pour un type que personne ne connaît, tente de le dissuader. En vain. Stock prend le risque de s'attacher au comédien débutant, dont il décèle le talent, pour ne pas dire le génie. C'est au magazine « Life » - d'où le titre du film - qu'il propose un reportage dont il n'est même pas sûr qu'il se fera, car le modèle est plus fuyant qu'une anguille. Surtout, il ne fait aucun effort pour se rendre « glamour ». Et pourtant les photos de Dennis Stock sont magiques - Dean assoupi sur une table de restaurant, Dean chez le coiffeur, Dean marchant, voûté, le col relevé, dans une rue sinistre... Elles ont largement contribué à la légende de Jimmy. L'idée d'un biopic sur James Dean avant la gloire était audacieuse. Le scénario est bien ficelé, la réalisation de l'excellent Anton Corbijn élégante. En revanche, le jeu de Dane DeHaan est si maniéré qu'il en devient exaspérant. Au point, pour ceux qui ne supporteront pas son jeu, de plomber l'ambiance. Dans le rôle de Dennis Stock, Robert Pattinson confirme qu'il n'est pas seulement un vampire séduisant. Mais séduisant tout court.

Thierry Gandillot

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité