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Des régions sonnent la charge contre les autocars de la SNCF

Le président des Pays de la Loire, Jacques Auxiette, dénonce une concurrence directe sur certaines lignes régionales de l'offre Ouibus que vient de lancer la SNCF.

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Par Lionel Steinmann

Publié le 9 sept. 2015 à 01:01

Les réactions des partisans du ferroviaire à l'offensive de la SNCF dans le transport par autocar (« Les Echos » du 4 septembre) ne se sont pas fait attendre, et c'est Jacques Auxiette, le président de la région Pays de la Loire, qui mène la charge. L'élu - qui est également membre du conseil de surveillance de la SNCF - dénonce dans un communiqué la concurrence directe que feront les cars Ouibus (le nom de la nouvelle offre low cost de la compagnie publique) à certaines lignes de trains régionaux (TER), avec le risque de faire baisser la fréquentation de ces dernières.

Concrètement, indique le communiqué, deux lignes TER sont menacées en Pays de la Loire : Nantes-Le Mans (3,7 millions de voyages par an) et Le Mans-Rennes (1,1 million de voyageurs annuels). La SNCF va en effet lancer d'ici à la fin de l'année ses autocars sur Paris-Nantes et Paris-Rennes, avec dans les deux cas des escales prévues au Mans. De surcroît, le TGV low cost Ouigo va desservir Nantes, Rennes et Le Mans au départ de la capitale à partir de 2016.

« Plutôt que d'améliorer sa performance industrielle, qui est un véritable enjeu, la SNCF s'engage à développer le low cost et le car », dénonce Jacques Auxiette, qui ajoute : « De là à penser que le train n'est plus la priorité de la SNCF, il n'y a plus qu'un pas. »

L'avenir des TER menacé ?

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Si l'élu est aussi virulent, c'est que les TER sont sous la responsabilité des régions, qui participent largement à leur financement par le biais de conventions pluriannuelles signées avec la SNCF. Pour les Pays de la Loire, cela représentait en 2014 un versement de quelque 150 millions d'euros. Aux termes de la convention, la collectivité doit notamment assumer à 40 % le risque commercial (le déficit ou l'excédent généré par l'ouverture d'une nouvelle ligne). Ce qui, pour Jacques Auxiette, devient inacceptable à partir du moment où l'entreprise publique organise elle-même la concurrence de ces lignes. « Utilisant sa position dominante, la SNCF a pris ces décisions sans concertation préalable avec les Régions, autorités organisatrices des transports, et sans aucune information en amont : dans ces conditions, la Région des Pays de la Loire demande à la SNCF de supporter seule l'intégralité du risque commercial », prévient le communiqué, qui annonce l'ouverture immédiate « des procédures précontentieuses prévues par la convention ». Surtout, à moyen terme, Jacques Auxiette n'exclut pas une « adaptation » (c'est-à-dire une réduction) de l'offre ferroviaire si la fréquentation des trains chute.

La SNCF répond que les deux offres sont complémentaires : « Les autocars de Ouibus sont destinés à assurer des trajets loisirs longue distance, alors que les TER sont essentiellement pour les usagers du quotidien. » La compagnie ajoute qu'elle « n'a nullement l'intention de laisser cette activité, et travaille au contraire avec les régions à renforcer la clientèle occasionnelle, au côté de celle des abonnés ». Cela n'a, en tout cas, pas convaincu le vice-président en charge des transports en Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui dénonce, lui aussi, le lancement de cars Ouibus dans sa région et va même, sur son blog, jusqu'à se poser la question de savoir si « la région souhaite continuer à exploiter les TER ».

Lionel Steinmann

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