RÉSEAUX SOCIAUX - Elle a été postée sur Facebook le 7 septembre, et compte déjà plus de 50.000 partages. La photo d'Eric Laurendeau, sur laquelle cet artisan peintre pose devant son véhicule de travail avec une pancarte "RSI, c'est fini, je ne serai plus ta pute", connaît un succès fulgurant.
Partagé en mode "public", le cliché est accompagné d'un texte expliquant les raisons qui l'ont poussé à mettre la clé sous la porte. "Après 14 années d'artisanat, je baisse les bras, le système m'a sapé le moral notamment le RSI qui nous prélève 60% de nos bénéfices, à ce jour, je ne peux même pas prétendre aux indemnités journalières, soit 20€ par jour, en cas d'arrêt de travail car comme beaucoup d'indépendants, je ne pourrai jamais être à jour de ce racket".
"Le RSI c'est le cancer de l'indépendant aujourd'hui", ajoute-t-il jurant qu'il en a "marre de trimer pour faire vivre un système auquel [il] ne croi[t] plus". L'artisan vilipende ainsi l'État, "les banques", son comptable, les "huissiers", ses "fournisseurs" et tous ceux "qui vivaient grâce à [son] activité". Ci-dessous, la publication dans son intégralité.
L'audience massive de ce message pose inéluctablement la question de son origine. Alors, coup de gueule sincère ou opération de communication déguisée (comme il en existe plein sur les réseaux sociaux) ? Une brève recherche sur son activité permet d'opter pour la première hypothèse. En effet, la société d'Eric Laurendeau est bien enregistrée à Alençon, commune de Basse-Normandie qui figure également sur sa page Facebook. Contacté par Le HuffPost, l'artisan peintre n'a pour l'instant pas répondu à nos sollicitations.
Le RSI (Régime social des indépendants) existe depuis 2006 et est né de la fusion de l'assurance vieillesse des artisans, de la caisse nationale d'assurance maladie des professions indépendantes, et de l'organisation autonome nationale de l'industrie et du commerce. Au mois de mars, les artisans ont manifesté à Paris contre le RSI, accusé de prendre à la gorge les travailleurs indépendants sans leur garantir une couverture sociale suffisante. Dans un rapport de 2012, la Cour des comptes a qualifié le RSI de "catastrophe industrielle" pour les travailleurs indépendants du fait de ses dysfonctionnements répétés générant nombre d'erreurs de calcul de cotisation ou de pensions.
Comme l'explique Le Monde, "les dysfonctionnements du RSI sont exploités par une certaine frange politique de droite et d'extrême droite, qui s'en sert pour taper plus généralement sur l'Etat et les principes universels et solidaires de la Sécurité sociale".