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Cambodge / Justice

Le génocide des Chams au procès des khmers rouges, une première

Au Cambodge, le tribunal chargé de juger les anciens dirigeants khmers rouges examine pour la première fois la question du génocide. Le terme est couramment utilisé par les Cambodgiens pour qualifier la politique qui a conduit à la mort près de deux millions de personnes entre 1975 et 1979. Il est en revanche controversé chez les historiens et les juristes. Au tribunal, le crime de génocide a été retenu dans le cas des Chams, une minorité musulmane, et dans le cas des Vietnamiens. L'enjeu de ce mois d'audiences sera donc de déterminer si les Chams ont été particulièrement persécutés par les révolutionnaires khmers rouges.

Au Cambodge, le crime de génocide a été retenu dans le cas des Chams, une minorité musulmane.
Au Cambodge, le crime de génocide a été retenu dans le cas des Chams, une minorité musulmane. RFI/Nhim Sophal
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Avec notre correspondante à Phnom Penh, Anne-Laure Porée

Au banc des accusés, Khieu Samphan, l'ancien chef de l'Etat, et Nuon Chea, ex-bras droit de Pol Pot. Déjà condamnés à perpétuité pour crimes contre l'humanité, ils attendent le résultat de leur appel et continuent à garder le silence dans cette nouvelle phase de leur procès. Pour les 250 Chams venus assister à l'audience du jour sur le génocide, il est évident qu'ils ont été persécutés par les khmers rouges. Ils se souviennent des Corans confisqués, brûlés, de l'obligation de manger du porc, de l'interdiction de parler leur langue. So Slama avait 23 ans à l'époque : « Nous, musulmans, avons été oppressés. On nous a interdit de prier, de respecter nos règles religieuses, de porter le voile... Ils nous ont coupé les cheveux. Ils nous utilisaient comme ils voulaient. Si on protestait, on nous exécutait. »

Les avocats de la défense bataillent pour démontrer qu'il n'y avait pas de politique ciblant les Chams, pas de plan concerté au plus haut niveau de l'Etat. Said Sary, qui évoque en sanglotant les 17 personnes tuées dans sa famille, ne considère pas les choses sous cet angle. Selon lui, le crime subi par la minorité Cham est de même nature que le crime commis contre l'ensemble du peuple cambodgien. « Dans un régime totalitaire, raconte-t-il, c'est le peuple en entier qui souffre, pas les dirigeants. Ils font du mal à leur propre pays. Je suis Cambodgien même si ma religion est l'islam. Certains sont bouddhistes, d'autres chrétiens, d'autres encore musulmans, on ne fait pas de différence. Si on parle d'une nation, nous vivons au Cambodge, nous partageons l'identité cambodgienne. »

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