
“La révolution des tentes a commencé !” observe le Jurnal de Chisinau quatre jours après l’installation de centaines de manifestants sous des tentes dressées en plein centre de Chisinau. Le quotidien énumère ceux contre qui ces Moldaves se mobilisent : le gouvernement, le président Nicolae Timofti, le gouverneur de la banque nationale.
Comme lors de la “révolution Twitter” d’avril 2009, ils ont décidé de manifester après le refus, en juillet, de deux des trois partis qui composent aujourd’hui l’Alliance européenne au pouvoir de nommer comme Premier ministre Maia Sandu, championne moldave de la lutte contre la corruption et candidate du Parti démocrate-libéral de Moldavie.
L’opposition du Parti libéral de Moldavie et du Parti démocrate de Moldavie à cette nomination a été “la goutte d’eau qui a fait déborder le vase”, analyse le Jurnal de Chisinau.
“Ils sont venus récupérer leur pays”
Les manifestants se mobilisent aussi contre le mystère qui entoure ce que la presse nomme déjà “le casse du siècle” : 1 milliard d’euros ont disparu des trois banques du pays, la Banque des économies, la Banque sociale et Unibank.
“Dans la rue, on retrouve ceux qui avaient voté pour ce gouvernement proeuropéen le 30 novembre 2014, écrit Ziarul National, de Chisinau. Ils sont venus récupérer leur pays, car la dernière chance accordée à la coalition proeuropéenne a été gâchée.” En juillet, le Premier ministre nommé après les élections, Chiril Gaburici, a donné sa démission à la suite de sa mise en cause dans une enquête sur la corruption.
L’Alliance européenne, au pouvoir depuis six ans, a fini par décevoir. Les affaires de corruption qui se sont succédé, l’attribution peu transparente de certains marchés et, enfin, le rapport Kroll, rendu public ce printemps, qui a fait ressortir l’affaire du prêt de 1 milliard d’euros dont on a perdu la trace ont lassé un peuple qui n’en finit pas de rêver à l’Europe.
La Moldavie a signé l’accord de libre circulation dans l’UE en juin 2014. Depuis, aucun progrès n’a été fait dans les relations avec Bruxelles.
“Le mal de la Moldavie a un visage : le système oligarchique et mafieux qui a compromis l’espoir européen”, explique le Jurnal de Chisinau. “La saison des protestations ?” se demande Vasile Gârnet dans son éditorial de Ziarul National, avant d’estimer que le pays pourrait se diriger vers des élections anticipées. Dans le Jurnal de Chisinau, Vitalie Ciobanu pointe quant à lui “le danger d’un réveil de l’ancien Parti communiste, prorusse, qui saura profiter de cette période de chaos”.