Irlande du Nord : l'IRA est-elle de retour ?

Selon le chef de la police, l'IRA est toujours active. Une annonce qui a provoqué une grave crise politique et la démission du Premier ministre.

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"Certaines structures de l'IRA des années 1990 existent toujours", a indiqué le numéro un de la police nord-irlandaise. © AFP PHOTOS

Temps de lecture : 3 min

Qui a assassiné Kevin McGuigan, ancien combattant de l'IRA (Irish Republican Army), à Belfast mi-août ? Selon Georges Hamilton, chef de la police en Irlande du Nord, il s'agirait vraisemblablement « de membres de l'IRA ». « Certaines structures de l'IRA des années 1990 existent toujours », a-t-il indiqué. Une déclaration qui a provoqué une crise politique : la coalition gouvernementale de la province semi-autonome du Royaume-Uni est menacée et le Premier ministre Peter Robinson, incapable de trouver une solution, a démissionné jeudi.

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La reconnaissance du retour de l'organisation terroriste rompt radicalement avec la version officielle selon laquelle ses membres ont déposé les armes et démantelé la structure militaire en 2005. Le désarmement de l'IRA et des autres groupes paramilitaires était l'une des clauses principales de l'accord du Vendredi saint qui a mis fin à trente années de guerre civile en 1998.

Les « jumeaux terroristes »

Le 12 août dernier, dans l'enclave catholique de Short Strand, à l'est de Belfast, deux hommes cagoulés ont tué Kevin McGuigan. Pourquoi l'IRA aurait tué l'un de ses anciens combattants ? D'après les premiers éléments de l'enquête, le mode opératoire rappelle les assassinats « punitifs » que l'IRA a commis dans les années 1990 contre ceux qui la trahissaient.

La vendetta aurait pour origine un autre assassinat datant de mai dernier : celui de Gerard Davison, lui aussi ancien commandant de l'organisation. McGuigan et Davison se connaissaient bien. Surnommés les « jumeaux terroristes », les deux hommes ont fondé la Direct Action Against Drugs (DAAD) dans les années 1990, un gang armé - considéré comme un réservoir d'anciens membres de l'IRA - qui a « nettoyé » les quartiers républicains catholiques de Belfast des dealers de drogue.

Le Sinn Féin dans l'impasse

La déclaration du chef de la police a retenti dans les couloirs du palais de Stormont, le Parlement nord-irlandais. Par la voix de son leader Mike Nesbitt, le parti unioniste d'Ulster (UUP) - deuxième formation politique défendant le maintien de la province dans le Royaume-Uni - a claqué la porte du gouvernement de coalition le 29 août dernier. Le DUP, l'autre grande formation unioniste, a, elle, menacé de partir tout en réclamant l'exclusion du parti nationaliste irlandais Sinn Féin, vitrine politique de l'IRA pendant les Troubles.

Embarrassé par les déclarations de la police, Gerry Adams, la figure historique du Sinn Féin, a assuré de son côté que le groupe paramilitaire a bel et bien « disparu ». Mais l'enquête sur l'assassinat a abouti à l'arrestation de trois suspects, dont le président du Sinn Féin en Irlande du Nord, Bobby Storey. Même si l'homme a été libéré jeudi, la crédibilité du parti républicain a été sérieusement entachée.

Les fantômes du passé

Devant cette crise sans précédent depuis les accords de paix, le Premier ministre de l'Irlande du Nord, l'unioniste (DUP) Peter Robinson, a demandé l'ajournement de l'Assemblée de la province le temps de pourparlers entre les partis politiques. Un ajournement qui a été refusé jeudi après-midi par la Commission parlementaire chargée de donner une réponse. Accusant le Sinn Féin de minimiser la résurgence de l'IRA, Peter Robinson et trois ministres DUP ont démissionné du gouvernement de coalition. C'est l'unioniste Arlene Foster qui assurera l'intérim.

La persistance de l'IRA en Irlande du Nord n'est pas une surprise. La question de la dissolution des groupes terroristes nationalistes ou unionistes n'a jamais été complètement résolue. L'accord de paix de 1998 a créé une commission indépendante de supervision (IMC) qui était chargée de rendre compte du démantèlement des structures paramilitaires. Entre 2004 et 2011, l'IMC a publié 26 rapports dans lesquels elle décrit comment d'anciens membres de l'armée républicaine irlandaise sont allés rejoindre de nouveaux groupes dissidents. Depuis 1998, plus d'une centaine de personnes ont perdu la vie dans des meurtres attribués à ces groupes.

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Commentaires (2)

  • mifa52

    Il n'est pas légitime que l'Angleterre, après avoir colonisé l'Irlande du Nord par des transferts de populations, continue à occuper le pays. Il faut que les deux Irlandes fusionnent démocratiquement.

  • masiania

    Les USA et leurs caniches fidèles européens s'insurgent contre la récupération de la Crimée par la Russie mais silence total sur l'occupation meurtrière de l'Angleterre en Irlande du nord... A quand les sanctions économiques envers la Grande Bretagne ?