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Interview

David Plouffe : « Uber pourrait être à l’origine de milliers d’emplois en France d’ici à deux ou trois ans » 

Ancien conseiller de Barack Obama – il a notamment été le directeur de sa campagne présidentielle victorieuse en 2008 –, David Plouffe a rejoint Uber il y a un an. De passage à Paris mercredi, il explique aux « Echos » pourquoi le gouvernement français ne doit pas avoir peur d’Uber.

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Taxis, VTC... « Il y a de la place pour tout le monde, les chiffres le montrent », assure David Plouffe, l’ancien conseiller d’Obama, désormais membre de la direction d’Uber.

Par Lionel Steinmann

Publié le 11 sept. 2015 à 06:30

Uber a de grandes ambitions en Chine, en Inde… Vous intéressez-vous toujours au « petit » marché français ?

Bien sûr. La France est tout sauf un petit marché, c’est un marché clef pour nous. Uber compte ici près de 10.000 chauffeurs, et en avait même 20.000 avant que le service UberPop ne soit suspendu. Nous sommes fortement implantés, pas seulement à Paris, mais aussi dans la plupart des grandes villes de province. Et nous souhaiterions pouvoir continuer à affilier des chauffeurs à notre plate-forme afin de répondre à la demande des clients. Nous pensons que nous pourrions être à l’origine, d’ici à deux ou trois ans, de la création de milliers d’emplois en France.

Vous en créez, mais vous êtes aussi suspectés d’en détruire chez vos concurrents, comme les taxis…

Ce n’est absolument pas le cas. Nous l’avons constaté dans les 300 villes dans le monde où nous sommes implantés : nous sommes un complément à l’activité des taxis, une option supplémentaire pour les déplacements des clients. Et nous contribuons ainsi à agrandir le marché. A San Francisco par exemple, depuis qu’Uber a été lancé il y a cinq ans, le marché a été multiplié par 5. Et le volume d’activité des taxis n’a pas reculé. Il y a de la place pour tout le monde, les chiffres le montrent. Nous sommes particulièrement utiles là où l’offre de taxis est faible. A New York, notre plus forte croissance ne vient pas de Manhattan, mais du Bronx ou de Brooklyn. A Paris, nous avons beaucoup d’activité dans le centre touristique, mais aussi en banlieue.

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Si vous êtes si vertueux, pourquoi avez-vous une si mauvaise image auprès des pouvoirs publics et autant d’ennemis ?

Le succès de nos différents services montre au contraire que nous sommes très populaires : nous avons plus d’un million d’utilisateurs en France. Ensuite, tout changement provoque des résistances, que ce soit ici en France, dans d’autres pays européens ou aux Etats-Unis. C’est à nous de faire un travail de pédagogie, et cela prend du temps. Uber a la réputation de ne pas être intéressé par le dialogue. Mais nous avons, au contraire, tout intérêt à discuter avec les autorités locales, pour les aider à moderniser leur cadre juridique. Les lois régulant le transport de personnes ont souvent vingt ans, quarante ans d’âge selon les pays. Elles ne sont pas du tout adaptées aux nouvelles technologies comme les smartphones et les GPS, et aux opportunités que créent ces dernières. Avec Uber, mais aussi d’autres acteurs VTC en France, les gens ont plus de choix pour se déplacer, et aussi plus de possibilités pour travailler dans ce secteur. Mais si le cadre légal n’est pas modernisé, cela ne marchera pas. De surcroît, nous faisons face à des grandes compagnies de taxis qui n’ont jamais connu la concurrence et cherchent à protéger leur monopole. Cela fait aussi partie du sujet en France.

Redoutez-vous l’action lancée par des chauffeurs en Californie pour être considérés comme des salariés d’Uber, et non plus comme des travailleurs indépendants ?

Nous n’avons aucune inquiétude car notre dossier est extrêmement solide. Nos chauffeurs ont notamment toute liberté pour fixer leurs horaires : certains travaillent à temps plein, mais la plupart nous utilisent comme revenu de complément en parallèle d’une autre activité, et ne se connectent que 10 heures par semaine. Cette latitude est un des moteurs de la réussite d’Uber, et ce que les partenaires-chauffeurs conduisant sur la plate-forme Uber redoutent le plus, c’est la perte de la flexibilité dont ils disposent. A l’inverse, les compagnies de taxis, qui imposent les heures de travail à leurs chauffeurs, ont du souci à se faire…

A moyen terme, vous voyez-vous concurrent de Google ou d’Amazon ?

La plate-forme numérique que nous sommes en train de construire va, il est vrai, nous offrir des opportunités de développement à moyen terme. A l’image, par exemple, du service de livraison alimentaire que nous avons commencé à expérimenter dans certaines villes. Mais favoriser le transport de personnes reste aujourd’hui le cœur de notre activité, et le développer notre priorité.

Nicolas Barré, David Barroux et Lionel Steinmann

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