La découverte excite les paléontologues du monde entier. Une espèce du genre humain jusqu'à présent inconnue a été mise au jour dans une grotte en Afrique du Sud, ont annoncé une équipe internationale de chercheurs ce jeudi. Elle a été baptisée Homo naledi, ce qui signifie "étoile" en sesotho, une langue locale sud-africaine.

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Qu'ont découvert les chercheurs?

Les fossiles de 1550 os appartenant à au moins, quinze personnes différentes ont été trouvés sur le site archéologique de Maropeng connu sous le nom de "Berceau de l'humanité". Les ossements, exhumés en 2013 et 2104, appartiennent à des bébés, des jeunes adultes et des adultes. Ils n'ont pas pu être datés mais ils pourraient appartenir à une espèce ayant vécu il y a entre 2,5 et 2,8 millions d'années, a précisé Lee Berger, chercheur à l'université du Witwatersrand à Johannesburg qui a dirigé les explorations.

"On ne peut comparer cette découverte à une aucune autre, se réjouit Bruno Maureille, directeur du laboratoire d'anthropologie des populations du passé à l'université de Bordeaux* joint par L'Express. Aucun site n'avait jamais livré autant de fossiles osseux humains diversifiés, avec des éléments du corps en connexion morphologique et dans un tel état de conservation, ce qui en fait un des plus riches au monde dans les annales de la paléoanthropologie."

Que sait-on de l'Homo naledi?

Selon les travaux publiés dans le magazine eLife, l'Homo naledi mesurait en moyenne 1,5 mètre et pesait 45 kilos. Ses poignets, ses mains -qui lui permettaient de manier des outils- et ses pieds sont très proches de ceux de l'homme moderne. En revanche, son cerveau, de la taille d'une orange, et la forme de la partie supérieure de son corps le rapprochent de l'australopithèque, ce groupe pré-humain dont les membres se tenaient debout. Cette découverte pourrait donc permettre d'en apprendre davantage sur la transition, il y a environ 2 millions d'années, entre ces deux espèces.

Une vidéo publiée National geographic montre à quoi pouvait ressembler l'Homo naledi:

Le rite funéraire en question

L'emplacement des ossements, retrouvés dans une partie de la grotte profonde et extrêmement difficile d'accès, laisse penser aux chercheurs que l'Homo naledi aurait pu pratiquer des "rites funéraires".

En effet, la disposition des fossiles écarte l'hypothèse d'un groupe pris au piège dans la grotte, d'une attaque par un prédateur ou encore d'os transportés lors d'une inondation. "Nous en sommes venus à la conclusion que cette espèce avait délibérément disposé ses morts", a annoncé Lee Berger. Or, les plus vieilles inhumations identifiées jusqu'à maintenant dataient d'il y a "seulement" 100 000 ans et concernaient uniquement des Homo sapiens, nos ancêtres directs.

Un enthousiasme tempéré par Bruno Maureille, spécialiste de l'archéologie funéraire, pour qui "démontrer l'existence de gestes funéraires est très difficile". "Je pense qu'il faut rester prudent car le site n'a pas encore été entièrement fouillé et que les ossements n'ont pas pu être datés. En revanche, si leur hypothèse est confirmée, cela pourrait vouloir dire que si tôt, l'homme était capable de comprendre que la mort d'un membre de son groupe était inéluctable et le préoccupait." En somme, que "leur cerveau fonctionnait comme le nôtre".

Plus sceptique encore, le paléontologue Yves Coppens, interrogé par Le Monde, va jusqu'à mettre en doute l'appartenance d'Homo naledi au genre humain, n'y voyant qu'un nouvel australopithèque.

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