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TribuneNature

Sauvez les arbres... à Chartres et ailleurs

Trop de professionnels de la politique ne voient les arbres des villes que comme du mobilier urbain, à abattre s’il faut couler du béton... Exemple à Chartres, où une mobilisation citoyenne tente de sauver les tilleuls de la place du Cygne.


-  Sandra Renda est conseillère régionale (EELV) de la Région Centre Val de Loire et conseillère Municipale d’opposition de la ville de Chartres.


Trop de professionnels de la politique ne voient les arbres des villes que comme du mobilier urbain puisque telle est leur définition juridique. D’où la tentation de les abattre pour les remplacer par des jardinières afin d’éviter qu’ils ne grandissent trop et que leurs racines souterraines ne puissent s’étendre sous les espaces publics.

Les arbres sont des êtres vivants mais le conflit entre la ville et l’arbre n’a rien d’inéluctable. Pourtant, on les accuse souvent à tort de tous les maux : obstruction des caniveaux, racines qui nuisent aux réseaux, soulèvement des trottoirs, propagateurs de pollen allergène, ombre aux étages inférieurs des immeubles, feuilles mortes sur lesquelles on glisse et le comble de tout, ils peuvent tomber et menacer la sécurité des personnes ou des voitures. Mais pourtant dès que l’on s’attaque à eux, nous nous mobilisons pour les défendre !

C’est cet élan citoyen rempli de générosité pour sauver les seize tilleuls de la place du cygne à Chartres qui m’a incitée à mobiliser tous les amoureux de notre patrimoine naturel. Ces arbres sont destinés à mourir prématurément pour pouvoir rénover la place en la bitumant. J’ai aussitôt mis en place sur internet une pétition qui en l’espace de quelques semaines a recueilli plus de 2600 signatures et plus de 1050 signatures papier.

Enjeu de santé publique

L’arbre est un véritable enjeu de santé publique. Il purifie l’air que nous respirons en absorbant le gaz carbonique, CO2, ce gaz qui pollue notre atmosphère et joue le rôle dominant dans le réchauffement climatique par « effet de serre ».

A trois mois de la conférence mondiale sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris avec tous les chefs d’Etat internationaux, la ville de Chartres a décidé d’abattre seize tilleuls en bonne santé ! Mais rassurez-vous, la municipalité va replanter à leur place dix arbustes...

Je pense aussi aux riverains de cette place du cygne pour lesquels les tilleuls ont une autre fonction que la captation du CO2. Ces arbres servent de brise vent, atténuent les bruits de la rue, assèchent les vieux murs, les sous-sols et les caves humides.

Je pense aussi aux commerçants et restaurateurs de cette place qui grâce à la fraîcheur et l’ombre de ces tilleuls voient passer de nombreuses personnes, clients, passants, amoureux, flâneurs, piétons, pour animer l’âme de ce poumon vert central.

Alors on replante des arbres dans le Sahara pour freiner l’avancer du sable, on plante des acacias en Afrique pour faire de l’ombre sur les cultures et profiter des nodules d’azote que l’arbre fabrique dans ses racines, on entretient la forêt en France depuis Colbert qui avait bien compris qu’un pays sans arbre est un corps mort, mais à Chartres on coupe les arbres car ils dérangent le projet minéral d’un maire qui ne fait que passer.

Être colbertiste c’est croire en son territoire en le valorisant dans ce qu’il a de plus prometteur. Les pierres qui roulent n’amassent pas mousse, les arbres qui poussent nous aident à rendre la justice, à nous percher, à nous élever, à nous faire regarder vers le ciel. Certains disent que les branchent sont ce lien racinaire qui s’élève vers les cieux, vers les projets. Vouloir couper un arbre c’est imaginer s’attaquer à ce que nous avons de plus sensible, de plus prometteur, nos rêves.

« Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, l’asphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature », nous a rappelé le Pape François dans son encyclique Laudato si !


Si vous aussi vous voulez sauver les tilleuls de la place du Cygne, vous pouvez signer la pétition ici.

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