La France se vit comme un pays de destination. Un pays où les réfugiés rêveraient de s’installer par milliers pour repartir de zéro. Un pays où ils se sentiraient en sécurité, enfin en paix, dans les conditions idoines pour envisager sereinement l’avenir – travailler, avoir des enfants, se faire des amis. Un pays désiré par-delà les frontières pour son savoir-vivre, son climat agréable et ses aides généreuses. Ce serait là son seul défaut : trop hospitalière, la France accueillerait sans compter, sans distinguer les ayants droit des profiteurs. Voilà les représentations que la plupart des hommes politiques, de gauche comme de droite, véhiculent avec des variantes dans l’espace public. Au FN, Marine Le Pen cristallise ces idées reçues en reprochant au gouvernement de se « laisse[r] submerger ». Dans son discours de rentrée à Brachay, elle dénonce une « déferlante » intéressée : « Quand vous êtes demandeur d’asile en France, c’est automatiquement 11,45 euros qui vous tombent chaque jour dans la poche. »
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Comment la France est devenue un pays de transit
Contrairement au fantasme brandi par l'extrême droite, la France ne risque pas d'être « submergée » par des flots de réfugiés. Sur les routes européennes de l'exil, le pays des Lumières a disparu des écrans radars. Même les francophones lui préfèrent l'Allemagne, la Suède ou la Grande-Bretagne, signe de l'attractivité de ces destinations.
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